mardi 8 décembre 2009

Sillustani


Les chullpas de Sillustani : notez la taille des visiteurs sur la droite
Ballade en voisin vers le site archeologique pre-incas de Sillustani. Peu visite, ce cimetiere construit par les peuples Collas et Aymaras (conquis par les incas au XV), est pourtant d'un interet certain et offre une vue extraordinaire sur le grand lac Umayo. En route, je m'arreterai dans une etonnante ferme fortifiee et je rencontrerai, entre les chullpas, deux jeunes bergers et leur troupeau de moutons et alpacas...
Au retour, perdu dans mes pensees, je prendrai la pluie dans la pampa sous la protection d'un grand arc-en-ciel tres inspirant "il y a quelque chose d'hypnotique a rouler dans ces grands espaces... la terre et le ciel se repondent et s'unissent dans un accord parfait"

A bientot... en Bolivie...

Puno, la laide...

Puno, est aussi laide que le site et l'accueil sont exceptionnels... Nichee sur les rives du Lac Titicaca, elle n'a pour elle que la beaute de sa cathedrale et sa proximite avec le lac, plus haute etendue d'eau douce navigable du monde. En Quechua, Titicaca signifie, "puma gris" ou "puma de pierre grise", en reference a sa forme et a la couleur grise de ses eaux une bonne partie de l'annee (moi le puma, je l'ai pas vu... mais les Incas consommaient pas mal de feuilles de coca, ce qui doit aider a une vision "subjective"). Les iles flottantes des Uros en sont une curiosite d'une tres grande beaute, malgre l'immense difficulte de la vie ici.
Apres 30 mn, je sympathise avec Victoria, la doyenne des habitants de l'ilot, tres, voir trop, touristique sur lequel nous posons le pied. Elle me proposera, plus tard, de rester "deux semaines, pour apprendre le français a son fils".
Les iles reposent sur une tourbe couverte de totora, plante aquatique comestible qui constitue une partie de l'alimentation et fournit, sechee, la matiere premiere necessaire a la construction des ilots. Le sol, tres meuble est perce d'un "vivier a truites" qui constitue l'autre partie de l'alimentation des insulaires...
L'ile de Taquile, a deux heures de bateau me fait immediatement et etrangement penser a la Grece : costumes chatoyants a la signification tres codifiee, maisons de pierres sur relief accidente... Les habitants ont de curieuses coutumes, comme celle de s'echanger une poignee de feuilles de coca a chaque rencontre... La pointe de leurs longs bonnets faisant une cache ideale pour la feuille "stupefiante". Les hommes maries portent un bonnet rouge, les celibataire, bicolore blanc et rouge... Les femmes, soumises, actives et rudes a la tache portent de longues capes noires terminees par des pompons rutilants. Le paysage est sompteux et l'accueil des insulaires, habitues a la presence des touristes, est excellent.

Diaporama peruvien


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Nouveau diaporama des environs de Puno sur le lac Titicaca... ultime etape avant de passer en Bolivie. Un florilege d'images prises entre Puno, le Lac Titicaca, les iles flottantes de Uros et l'etonnante ile de Taquile qui rappelle curieusement les iles grecques, sans oublier Sillustani, ses fermes fortifiees et ses gigantesques et enigmatiques "chulpas", cheminees funeraires Incas posees dans un decor de reve...
Le diaporama est recalcitrant, cliquez-
ici

El Chasqui*...


Dans la Pampa Blanca : attention aux vigognes, lamas et autres alpacas...
De Challa a Arequipa, ce ne sont que 300 kilometres parcourus en quelques heures par notre bus heureusement surchauffe (rappelez-vous, j'etais trempe !). Nous arriverons a Arequipa au lever du jour, soit 5h. Le temps de deplier Passport et je me retrouvais sur la belle et grande place d'armes a la recherche d'un endroit ou dormir - ma preoccupation premiere apres les repas. Mon hote a Nazca m'avait parle d'une auberge sympa ou je serais reçu 15 mn plus tard par deux jolies filles (he, he !!). J'y resterai 3 jours, dans une ambiance tres cosmopolite, entre anglais, français, italiens et peruviens. Le temps egalement de visiter la ville et son incroyable monastere aux couleurs chatoyantes (vous l'avez vu dans le dernier diaporama). Le quatrieme jour, je prendrai la route vers le Canyon de Colca a seulement 180 km que je pensais facile...
80 km de pure montee le premier jour pour rejoindre Tambahuasi a 4200 m dans la Pampa Blanca. Une fois de plus, je suis malade, l'estomac en vrac... Je dormirai, epuise, dans la salle de l'unique restaurant. Il n'y a pas d'electricite et dans la lumiere blafarde de la lampe a gaz je ferais fureur en installant mon hamac. Personne ici n'en a jamais vu et souhaite essayer. Grosse rigolade, malgre l'immense fatigue qui m'engourdit.
Le lendemain, je continuerai mon ascension jusqu'au col de Chivay... 4800 m. Dans la Pampa de Toccra, un vent fort et glace me pousse a me retrancher derriere un abri de pierres ou je mangerais et... dormirai 30 mn epuise (voir ici). Je franchirai le col avec un franc mal de crane et une immense fatigue en jubilant, malgre tout, de rouler a l'altitude du Mont Blanc. La descente vers Chivay sera une formalite. Ici on me decrira la route vers le fond du Canyon comme une promenade agreable de 60 km sur les rives du geant de pierre... On ne me parlera pas des 30 km de montee, du vent violent qui souffle chaque jour des 13h et manquera de me renverser a plusieurs reprises... Sur la route du canyon, je ferai de jolies rencontres... Dans le village de Maca, un groupe de travailleurs, degageant de curieuses pierres aux formes complexes me helera au passage et m'offrira le couvert dans une totale decontraction au beau milieu d'une famille dont la grand-mere, hilare, sans que je comprenne pourquoi, s'adresse a moi en quechua...
Je rejoindrai Cabanaconde a la fin du jour apres avoir roule une heure dans le noir complet sur un chemin defonce et piegeux... Nuit difficile, je suis fievreux et je n'arrive pas a etancher ma soif... je boirais 3 litres d'eau et dormirais peu. Curieusement au matin, je me sens mieux et attaque confiant, les deux heures de descente (a pied) vers l'Oasis de Sangalle au fond du Canyon. Le paysage est fantastique et l'accueil est chaleureux dans ce puit de verdure. Je decide d'y rester la nuit apres un repas magnifique et une longue conversations avec deux suissesses en goguette... Je remonterais le lendemain a l'aube, dans une grande forme. Je ferai les soi-disant 3 heures de rando en 1h40... en attrapant, dans un parfait timing, le bus qui m'amenera vers Puno, d'ou je vous ecris...
*Les chasquis etaient les coureurs incas, messagers, capables d'incroyables performances...

samedi 5 décembre 2009

Le jour le plus long...


J'ai quitte Lomas apres une nuit de sommeil magnifique, berce par le bruit des vagues lointaines et reveille a l'aube par le cri joyeux des mouettes... Chaleur intense dans le desert des 9 h du matin puis vent de sable en milieu de journee pres du village de Tanaka ou la panamericiane devient franchement cotiere et zone d'ensablement... Apres le village, la route grimpe subitement pour zigzaguer dans un petit massif volcanique. Au sommet, un joli nuage blanc reste curieusement sur place malgre le le vent violent et ne tarde pas a devenir tres noir, generant de fines gouttelettes. J'hesiterai une bonne demi-heure avant de m'aventurer dans la masse nuageuse, ou, je m'en doutais, il tombe dru une pluie glacee qui ne me lachera pas jusqu'a Challa... Dans la descente de Challa, je perds subitement, un second rayon et ma roue deja ovale se voile franchement. Je dois demonter le frein pour continuer d'avancer et attraper un bus pour Arequipa qui partira 15 mn apres mon arrivee. Je suis trempe, transi de froid mais finalement assez heureux que ma roue ait lache dans le village ;-)

Quand t'es dans le desert...


Ma derniere publication vous laissait a Nazca, je m'appretais alors a prendre la route vers Arequipa, au sud du Perou...
Je suis parti tot, pensant eviter la chaleur et le vent terrible qui souffle dans le grand et beau desert qui longe le Pacifique. Mais a 11 h mes efforts etaient vains, un vent violent s'etait installe sur cette panamericaine pourtant parfaitement plate. Plus deprimant que les montees dans l'echelle de la deprime cycliste, je place le vent, ennnemi invisible qui te cloue sur place et ralentit un peu plus une progression deja lente. J'ai peine 90 kilometres pour arriver sur les bords de cette pampa desertique d'altitude et amorcer, le sourire au levres, la descente vers l'ocean maintenant tout proche. A 50 km/h, j'ai double les camions qui abordaient prudemment les courbes de cette longue pente pour arriver au croisement qui devait me mener a ma premiere etape : Lomas. Surprise, ma carte est fausse... Lomas est indique comme etant au bord de la panamericaine mais je dois pedaler 8 km pour rejoindre le littoral et cet etonnant village de pecheur niche sur une peninsule rocheuse.
Dans le bruit mat et sec de la corde d'un arc qui se rompt, j'entends lacher un rayon de ma roue arriere, laissant un trou beant dans la jante. "Shit" la roue est maintenat ovale et je dandine de l'arriere-train comme une bresilienne au bois. Je tente de retendre les rayons mais la jante est fissuree a plusieurs endroits !!! J'entre dans Lomas, cahin-caha et trois mecs me helent depuis une jolie maison de bois. C'est la maison jaune de Hugo qui me proposent apres 5 mn de conversation de rester dormir et m'installe dans une petite piece ou je tends mon hamac. Conversation arrosee et quelques bieres plus loin, El Marroco (qui ressemble trait pour trait a un marocain) nous prepare une poelee magnifique de calamars geants et quelques tranches, a point, d'une viande noire et terriblement gouteuse que j'identifierai plus tard comme etant du dauphin. La peche en est pourtant interdite ici comme ailleurs mais il semblerait que les controles soient inexistants au Perou et la communaute internationale montre du doigt ce mauvais eleve depuis pas mal de temps.
Je me laisse tenter le lendemain matin par un tour du village en 4X4 suivi d'une peche, infructueuse (tant mieux) au calamar geant. Apres-midi de repos, avant de repasser a table pour deguster un splendide ceviche (salade de poisson) et quelques tranches de cette viande interdite (apres tout c'est pas moi qui l'ai tue le Flipper !!!).
Je prendrai la route le lendemain apres avoir rafistole la roue dansante de Passport avec une resine epoxy... Arriverai-je a Arequipa ?

lundi 23 novembre 2009

Hyperactif ?


Cliquer sur l'image pour afficher le diaporama.

Mon emploi du temps un brin charge depuis mon arrivee au Perou m'avait laisse peu de temps pour partager en images les meilleurs moments de ce voyage, je repare ce manquement en vous balançant un diaporama de 220 images couvrant mon arrivee au Perou, depuis la frontiere bresilienne jusqu'a Nazca, ou je suis revenu avant de reprendre mon chemin vers le sud.
Mon dernier message contait mes mesaventures sur les hautes routes entre Cusco et Nazca et vous laissait sur ue bonne note puisque j'avais retrouve l'usage de mon estomac et des jambes pour pedaler.
Mon sejour ici a ete plus que riche et a commence par le survol "sportif" des fameux dessins et lignes incas dans un petit avion mene de main de maitre par un pilote amoureux de voltige... J'ai pu observer les dessins sous toutes les coutures en surveillant, inquiet, ma voisine de siege qui changeait de couleur au gre des virages tres inclines de notre frele aeronef... marrant !!!
Des le lendemain, je prenais la route a velo pour traverser le beau et grand desert de Nazca, m'arretant ici et la pour escalader les quelques collines qui ponctuent cette loooonnnnngue ligne droite de quasi 160 km... que j'avalerai dans la journee malgre le vent de face (mon sejour en altitude a ete benefique, je tiens une sante de fer ;-).
Je ferais un crochet par l'oasis sublime de Huacachina ou je m'initierai au surf des sables sur des dunes etonnament hautes, accompagne par Pierrik et Aneth, un couple franço-hollandais et leur 3 enfants, en ballade autour du monde depuis 5 mois. Ils sont devenu depuis de grands amis...
Je sauterais de joie dans les sandbuggies, ces 4X4 "deshabilles" dans le plus pur style Mad Max, menes grand train dans les dunes par des chauffeurs hors-pairs qui nous gratifieront de sauts, derapages et autres galipettes qui feront palir plus d'une fois.
Apres Huacachina, c'est dans la reserve naturelle de Paracas que je decouvrirais sur les iles Ballestas, des phoques, lions de mer, pelicans et autres pingouins cohabitant paisiblement sur ces ilots rocheux battus par les vents.
Le meme jour, je me perdrais sciemment sur les pistes ventees (c'est rien de le dire !!!) longeant la cote pour decouvrir les plages sublimes et les falaises vertigineuses de la reserve.
Je finirai cette inventaire a la Prevert par l'ascension du Cerro Blanco, plus haute dune de sable du monde, culminant a 2200 m que je redescendrai en sandboard avec le souvenir encore douloureux dans les quadriceps de l'ultime pente de plus de 800 m... La nuit a la belle etoile au sommet, restera un grand moment de ce voyage.
Pour me reposer (ha, ha !!), je reprends la route demain sur la magnifique panamericaine, qui longeant l'ocean sur 500 km, me conduire a Arequipa a 2500 m d'altitude. Encore de jolies montees en perspective !!
Allez, j'arrete de papoter et je vous invite a decouvrir en images ces moments forts...
A bientot

lundi 12 octobre 2009

Pas sport !!!!

Je suis ici depuis 3 jours dans l'attente de la prolongation de mon visa... pas de bol je suis arrive vendredi soir et la Police Federale est ferme jusqu'a demain - aujourd'hui, lundi est le Jour des Enfants, un jour ferie... J'ai tente le coup ce matin sans succes avec l'avantage aujourd'hui de savoir precisemment ou se trouve le bureau et de connaitre les horaires d'ouverture... Demain, 8 h tapantes, je serai devant la porte.
J'ai envoye ici, il y a plus d'un mois le sac de transport de mon velo pliant Passport pour m'eviter de le transporter sur plus de 4500 km. Probleme, la nana qui l'a bien reçu et devait me le rendre reste introuvable jusqu'a aujourd'hui. j'ai dialogue avec elle sur MSN 3 jours auparavant et depuis "rien"... Je suis pas encore inquiet mais je trouve ce silence etrange et cette fille extremement bizarre... Elle semble vivre a deux pas de l'hotel ou je me trouve mais semble peu pressee de me rendre ce sac totalement inutile pour qui que ce soit... excepte moi ;-) Wait and see...

Pas de pot, pas de photo...

Alors que j'avais pu utiliser mon lecteur de carte SD sans soucis hier, aujourd'hui, je ne peux plus charger d'images sur cette ordinateur... les mysteres de Windows qui aujourd'hui ne reconnait plus le peripherique reconnu hier. Je veux un Mac, tout de suite !!!!!!! Tout ça pour dire, qu'il n'y aura pas de photo dans les descriptions aujourd'hui.

Etape 26 : Tailandia > Goianesia do Para : 85 km

La journee commence bien... je m'ouvre le crane en prenant de l'eau dans une station essence... la guerite est si basse que je me suis cogne dans l'angle du toit et je sens bientot du sang perler sur mon front. Enerve, je ne ferais rien et laisserai la nature reparer cette plaie peu profonde, protegee du soleil par une casquette. A midi, il n'y parait plus ; je garderais une cicatrice a peine visible et une jolie tache rouge sur ma casquette ;-) La route est triste et sans interet et j'avalerai les 85 km sans entrain pour rejoindre Goianesia - ville sans interet...

Etape 25 : Moju > Tailandia : 130 km

En guise de depart "tot" je quitte Moju a 10h avec un mal de casque carabine et des jambes en coton... Je doute alors tres fort de rejoindre mon etape du jour tant je suis "flagada". Tant pis, je file sur la jolie route toute plate bordee de "coco-dende", ces palmiers dont on tire l'huile de palme. Avant Palmeiras, ou je m'arreterai dejeuner, je decouvre une immense usine flambant neuve ou on annonce fierement avoir plante 800 000 palmiers depuis moins d'un an !!! L'etat du Para investit massivement dans la fabrication d'huile de palme non pas pour l'alimentation humaine mais pour fournir les petroliers en bio-diesel, ce gasoil "vert" additionne de 10% d'huile vegetale de palme. A l'entree du restaurant, la patronne me saute litteralement dessus et me propose un mariage blanc "pour que je puisse rester au Bresil et elle repartir en Europe..." Elle me dit avoir vecu en Espagne et etre revenu ici apres un mariage foire... Je dejeune avec des routiers roux qui me disent venir du sud du Bresil (plus de 4000 km). Ils arborent fierement les armoiries de leurs ancetres belges de Bruges. La quantite de biere ingeree fera honneur a leur famille et je reprendrai la route tres tard pour arriver un peu inquiet a Tailandia a la nuit tombee. La encore on me dit que la securite est precaire et que je dois pas rouler de nuit... Je croise des mecs a moto qui me demandent si la police fait des controles sur la route ???? Je comprendrai plus tard que ce sont des "guetteurs" qui facilitent le transit des camions de bois illegaux qui transitent dans cette region ou les scieries sont nombreuses et ou l'activite bat son plein... la nuit !!! La deforestation continue et les nouvelles d'hier le confirment, des trafiquants ont ete arretes dans cette region... La encore, j'apprendrai par les habitants que les problemes de securite sont erradiques depuis plus 5 ans. Phobie, quand tu nous tiens...

Etape 24 : Belem > Moju : 85 km

Apres ma pause enchantee sur l'ile de Marajo je suis revenu a Belem pour attraper tot le lendemain la navette fluviale qui devait m'amener a Arapari, m'evitant ainsi le long detour routier (100 km) jusqu'a Moju. Dans la precipitation, je m'apercevrais une fois embarque au beau milieu du fleuve que j'ai laisse ma bombe de filtration de l'eau dans la cuisine de l'hotel... Dans ces conditions, pas d'autre solution que de me retaper un aller-retour - j'en parle au capitaine du bateau, qui m'invite a rester sur le navire sans soucis et sans payer "que je choperai la navette du lendemain" !!! 45 minutes plus tard, je repartirai donc vers Belem, discutant a batons rompus avec les passagers m'annonçant les pires problemes de securite sur la route entre Moju et Tailandia. "Y'a des attaques tous les jours, des motos voles, des gens blesses, tues"... Je demande des precisions mais personne ne sera capable de me donner des exemples precis d'attaques sur des gens proches... J'en deduis que, comme toujours, les bresiliens aiment se faire peur et que ces attaques, si elles existent sont des cas isoles et que, en velo, je ne crains pas grand chose... J'arriverai a Moju sans encombre et je louerais une chambre d'hotel sordide et crade ou seuls les draps sentent le frais... Mais la patronne est sympa, je tchatche une heure avant de migrer vers le bar voisin pour deguster quelques grillades, arrosees de biere fraiche... Un client de l'hotel m'invite a venir feter l'anniversaire de sa copine dans une rue voisine - la patronne de l'hotel m'attrape au vol pour me mettre en garde et me dit qu'il va me depouiller des le coin de la rue - je lui reponds que je n'ai rien sur moi et qu'il peut donc me depouiller sans soucis ;-) En fait "d'attaque" je me retrouve dans une rue voisine a boire du mauvais vin avec quelques "morenas" grassouillettes et peu farouches qui me prennent apres une heure pour un gay car je ne reponds pas a leurs oeillade appuyees et maladroites... La moins laide me laisse son numero pour que je l'appelle "plus tard"... Le mauvais vin et le sommeil font leur oeuvre et assez vite je rejoindrai Morphee. Il est 3 h du matin et je dois rejoindre Tailandia 130 km plus loin des le lendemain...

dimanche 11 octobre 2009

Pause > Ilha do Marajo


Je vais cesser de preciser les jours dans les titres (ça fout le bourdon, non ?) et me concentrer sur le recit... Bref, on a tous appris que l'Ile de Marajo est la plus grande ile fluviale du monde ; la taille de la Belgique et semble-t- il seulement 30 000 habitants et 50 000 buffles d'eau !!!!. En fait d'ile, c'est un archipel compose de 4 grandes iles qui vaut la peine d'etre explore tant il est riche en rencontres et en paysage magnifiques. (A ce sujet, je cherche un equipier(e) pour revenir ici en hiver, quand le niveau des eaux est a son maximum pour faire un grand tour depuis Belem, naviguer autour de cette ile puis remonter par la region du Macapa avant de rejoindre la Guyane Française - 15 jours sur l'eau dans des conditions surement un peu spartiates mais authentiques...) Ile ou archipel, ça reste un endroit unique ou l'eau est partout. Il pleut 4 mois par an et une bonne moitie de l'ile se trouve alors submergee. Les quelques villes ne sont alors accessibles que par le fleuve Amazone ou ses affluents - fascinant. Mais la saison des pluie est terminee et je profite de cette treve estivale pour parcourir les pistes abandonnees par les eaux. Je ferai 300 km sur une ile qui ne comporte que 50 km de route goudronnee. Grop coup de coeur pour ce pays dans le pays ou la vie est si douce, si proche et si loin de Belem, la dangereuse. Les "marajoaos" sont d'une extreme gentillesse et vous saluent dans une decontraction totale. La temperature y est clemente adoucie d'influence oceanique et je tombe amoureux des maisons de bois sur pilotis qui occupent les plaines inondables du centre de l'ile. Les plages sont fluviales a l'exception de la plage de Pesqueiro, au nord-est de l'ile, baignee par l'ocean. L'eau y est legerement salee et le sable plus blanc. L'Amazone charrie quantite de debris vegetaux et les jours de grands vents, les plages les plus orientales sont jonchees de feuilles, branchages et autres troncs d'arbres arraches a la foret. L'animal fetiche de l'ile est le buffle d'eau. Je croise ce gentils geant partout ; dans les villes, les campagnes ou sur les plages. Souvent, il remplace le cheval pour tirer les charrettes. Le lait du matin est tire du buffle et les douceurs lactes (lait concentre et fromages) sont aussi issu du buffle. Bref, il est partout jusqu'a orner les flancs de l'unique compagnie de bus qui sillonnent les 50 km de routes. Loin sur la piste, je visiterai Cachoeira do Arari et son musee, curieux bric a brac ou geologie, histoires naturelles biologie et croyances indigenes forment une mosaique reprentative de l'ile. Je tirerai le portrait de quelques indiennes joviales (voir diaporama) avant de rejoindre Belem le jour suivant...

Pause > Belem


La ville me semble etrangement calme. J'etais arrive l'an dernier au moment du Cirio (un an, jour pour jour en arriere) et deux millions de personnes occupaient bruyamment le moindre recoin de la ville. Cette annee, la ville est vide et me semble plus sure. Je change vite d'avis quand le second jour, je croise une quantite invraisemblable de traine-savates et autres vagabonds qui essaient sans menagement de me taper de l'argent... "Je vais tout de voler" me dit l'un d'entre-eux - je lui demande d'essayer puis s'en va, titubant, dechire a la cachaça ou a la colle... J'aime plus les villes du Bresil pour l'insecurite grandissante qu'il y regne et les choses ne sont pas pretes de s'arranger. Plutot que de traiter le probleme a la base, les politiques preferent creer des lieux clos surfliques, a l'abri des assauts des plus pauvres... A Belem, c'est le quartier des docks qui est devenu le temple de la consommation. J'y vois quelque chose d'obscene... quelques nantis depensent sans compter - les prix sont absurdes - dans cet espace clos (superbe au demeurant) a l'acces reglemente, sous l'oeil bienveillant d'une armee de flics surarmes... Belem est une ville emblematique et merite malgre ses problemes d'insecurite un peu d'interet. Je suis revenu avec plaisir dans le petit hotel Amazonia, qui offre, c'est un luxe ici, une ambiance propice au repos a deux pas du centre historique. Le "dono" (patron) est devenu un ami et on passe de longues heures a discuter business, develeoppement economique dans cette region amazonienne un peu sinistre... Nous partageons une vision sur bien des points et stimuler mon intellect apres ma longue traversee du sertao me fait un bien fou. J'ai pu faire cette annee ce que j'avais pas pu faire ici pour des questions de securite ; un reportage photo dans la vieille ville (vous en profitez via le diaporama). Sortir un appareil-photo de la valeur d'un an de loyer n'est pas anodin ici et j'ai choisi une belle fin de journee dominicale pour tenter le coup. La ville est deserte, la lumiere du soleil couchant est parfaite. J'enfourche le biclou et je mitraille a tout va... Je tombe par hasard sur une expo-photo dans le cente historique : concert acoustique, biere fraiche et temperature ideale, j'apprecie. Je quitterai Belem demain sur cette bonne note...

Diaporama amazonien...


Cliquer sur l'image pour afficher le diaporama Un premier tri des quelques milliers de photos prises sur la piste...

Diaporama de Belem


Je profite de mon escale technique a Porto Velho pour publier un premier diaporama. Ce sont des images de Belem qui se trouve aujourd'hui a 2500 km d'ou je me trouve !!!

jeudi 1 octobre 2009

Diaporama de Marajo


Second diaporama : l'ile de Marajo en face de Belem dans la baie de l'Amazone...

dimanche 23 août 2009

Etape 23 : Castanhal > Belem : 78 km


Fabrique de tapioca : interessant !
Castanhal est une ville commerçante comme il en existe mille au Bresil ; un axe principal puis un accroissement geometrique au fur et a mesure de l'arrivee massive des gens de la campagne. Ça s'est passe en Europe il ya quelques temps puis on a observe un retour a la campagne qu'on commence a peine a sentir ici. Bref, une ville moyenne avec un plan en damier... le commerce est partout et deborde jusque sur la rue ou carrioles et chariots s'organisent dans un savant chaos. Circuler ici est complique mais je retrouve sans peine la petite pousada dans le quartier "craignos" ou j'avais passe la nuit l'an dernier. Nuit calme et reposante...
5 heures, 78 km, la route est belle mais les arrets sont nombreux. Je file a 30 a l'heure sur un revetement parfait. Primeurs, maraichers, fromagers : en abeille voyageuse, je me gave de sucres - jus frais, fruits, yaourts "maisons" je goute tout... Je fais une longue halte dans une fabrique artisanale de farine de tapioca. On m'accueille d'abord fraichement malgre l'ambiance surchauffee ; le patron est bougon... les employes baucoup moins et apres 10 minutes d'observation silencieuse, je peux photographier et filmer les etapes de la fabrication.
L'arrivee a Belem est toujours compliquee, ville gigantesque ou le velo n'a pas sa place ; on me frole, on me pousse puis j'arrive enfin dans la vieille ville ou je retrouve mon hotel de l'an dernier. La vieille ville me semble etrangement calme, l'an dernier la fete religieuse du Cirio emplissait les rues d'une foule grouillante et coloree... cette annee les rues sont vides et me semblent sures...

Etape 22 : Capanema > Catanhal : 90 km


Livraison de bananes le long de la route...
Je connais cette route, je connais ces villes et je roule sur mes pas l'esprit leger, le mollet tendu a l'affut du moindre trou, de la carcasse de pneu ou du chauffard qui me frolerait de trop pres... Pas de soucis particulier - je "trace" sans etats d'ame...

Pause > Capanema


Meme image, un an plus tard...
L'an dernier, j'avais fait reparer mon velo ici... les rayons de la roue arriere s'etaient arraches de la jante et la boutique de Targino avait fait un travail remarquable pour adapter une jante a 26 trous sur un moyeu a 24 rayons. Depuis, ce sont des amis et j'ai eu beaucoup de plaisir a les revoir... Ils m'avaient donne un tee-shirt et voulait une photo de moi sous la Tour Eiffel avec le dit tee-shirt, ce que j'ai pas manque de faire... a leur grand etonnement ;-) Je me gave de sorvets et de jus de fruits dans cette capitale de la glace - trois entreprises sont installees ici : Kit-frutas, Friobom et Kibom... excellents !

Etape 21 : Boa Vista > Capanema : 130 km


Jolie cycliste au matin...
Reveil matinal au son des rires sonores des femmes de menage qui parlent de leurs histoires d'amour ratees. J'ouvre ma porte a 8 h... sur une jolie fille tres court-vetue (elle porte une mini-serviette de bain) qui m'envoit un sourire "colgate"... Je sors mon biclou, elle me demande ce que je fais ici... Cocasse, elle est quasi nue et me demande si elle peut s'asseoir la sur mon pas de porte pour discuter - c'est plus du de la drague, c'est du "harponnage" - elle est drole, me fait sourire... On parle d'amour perdu (le sien) de tristesse, de musique puis apres une heure me demande en mariage, sur le ton de la plaisanterie (appreciez la progression ;-) Elle me dit avoir 19 ans, je lui en donne 16 puis je m'envole sur un chaste baise-main... J'ai 130 bornes a faire et je veux pas trainer en route. Je connais cette route, sans interet, sans histoire je creve au meme endroit que l'an dernier, pour les memes raisons que l'an dernier... l'acotement est souille de carcasses de pneus et de fils d'acier qui percent facilement le caoutchouc de mes pneus... fatigant !

Etape 20 : Santa Luzia do Parua > Boa Vista DO Gurupi : 74 km


Santa Luzia - au loin des gamins prennent le frais sur les citernes de la ville...
Couche tard, leve tard... j'ai quitte Santa Luzia a 13h pour arriver a 18h a la division des etats du Maranhao et du Para. 109 km avale sans trop de peine sur ces gands axes redevenus tres plats. Il fait chaud, le temps s'est arrete... je n'ai croise que des vieillards, cyclistes lents, secs comme le bois qu'ils transportaient, aux articulations rouillees comme le cadre de leur velo. Accueil tres chaleureux a Boa Vista, ou les effluves de viandes grillees reveillent en moi un instinct carnassier pourtant bien enfoui... Au loin, les flonflons d'une fete, trop naze pour y aller. Je sirote ma biere gelee, tranquille....

Etape 19 : Ze Doca > Santa Luzia do Parua : 74 km


"Indiens" vaut mieux que deux "tu l'auras"
J'ai quitte, repose, ma retraite "glacee" de Ze Doca avec l'espoir de rejoindre Gouvernador Nunes Freire, a 137 km, dans la journee. La route n'etant pas parfaitement plate, j'ai sue comme un buffle jusqu'a 16 h pour finalement m'arreter, avec 50 km a parcourir... Sans certitude sur une arrivee probable avant la nuit et devant les affirmations alarmistes sur de possibles attaques de bandits sur la route "t'as 80% de chance de te faire attaquer" je decidai de m'arreter la et de camper derriere la station "en toute securite" selon le patron. Le probleme du couchage etant regle, je pretais attention a une famille d'indiens "pur jus" qui observaient mon velo, mi-inquiets, mi-amuses... Je m'adresse au plus vieux, qui visiblement n'en capte pas une et regarde son comparse a chemise jaune qui ne tarde pas a arriver pour traduire dans leur langue "native", parfaitement incomprehensible pour moi, le recit de mon voyage. Ça rigole pas mal en observant mon bronzage "cycliste" et la taille de mes jambes (j'etais deja bien pourvu en mollets a a naissance, la c'est le pompon !!!). Le compteur de vitesse leur semble etre une petite televison - voyager en velo leur semble "fou"... Je fais quelques photos, avec leur accord, que tout le monde apprecie sur l'ecran de l'appareil puis ils s'en vont comme ils sont arrives... Je monte ma tente, comme je peux sur le beton surchauffe de la station puis un jeune mec arrive tout sourire "t'es hollandais, toi ?" "perdu je suis français" Longue conversation avec ce jeune "vagabundo" de 28 ans, d'une intelligence et d'une subtilite remarquable dans ces contrees. Il vit dans la station , profitant d'une eau gratuite, de quelques repas offerts et de mauvais alcools offerts par les nombreux routiers de passage... Ils se "dechire la tete" comme ça depuis 3 ans. Sa sensibilite et sa finesse d'esprit extreme le mettent a part ici ou les mecs sont des "boeufs" (c'est eux qui le disent) et les filles des poupees sans tete a la plastique parfaite... De jolies connes dont l'ambition premiere est de devenir "balerina de forro" (veridique), danseuses dans un groupe de forro - pour voyager disent-elles, pensant le forro universel. Mais la nuit tombe sur mes remarques desobligeantes et je m'aperçois un peu tard qu'une tente posee a meme le sol cimente est une etuve parfaite pour qui souhaite "fondre" pendant la nuit... Impossible de dormir ici - je me mets en quete d'un lieu "frais" pour dormir... Je trouve a 50 m un "dormitorio" tenu par une de ces "jolies cruches" a la tete pleine d'eau, dont je vantais les charmes il y a peu... Discussion legere jusqu'a 3 heures du mat en suçant... des glaces, devisant interieurement sur la vacuite de nos propos - affligeant. Je m'endormais bientot la tete vide et les yeux pleins des courbes sensuelles de la potiche de service - reposant, non ? ;-)

Pause > Ze Doca


Moto-taxi : 3 voir 4 sur une moto, c'est la norme ici - pas rare de voir un gamin sur le reservoir
.
J'ai passe deux jours dans cette ville calme, tres caAAaalme pour retrouver la force et le plaisir de rouler sur ces routes de "l'interieur". Deux jours a rien faire dans une grande pousada parfaitement tenue. Je me suis gave de sorvets aux fruits - la glaciere etait jolie (une "marron" aux yeux noisettes tres clairs) et j'ai bien du passer 3 heures avec elle a parler de tout et de rien (les clients se bousculent pas). J'ai rencontre le frere d'un joueur de foot bresilien celebre (j'en sais rien) qui jouerait a Sochaux ; il me montre des photos de la ville - etonnant... J'ai sympathise avec le patron de la jolie glaciere qui me la "vends" comme il me vendrait une glace - j"ai pas franchement besoin de lui... de boules en coupes je me retrouve a l'anniversaire du patron - deja bien imbibe, bieres, cachaça, je freine des 4 fers pour pas me retrouver saoul dans cette soiree ou le son est si fort qu'il est impossible de parler avec qui que ce soit... Je m'eclipse pretextant un depart a l'aube le lendemain.

mercredi 5 août 2009

Etape 18 : Santa Ines > Ze Doca : 67 km


Un "posto de fiscalizaçao" - j'en vois souvent et ça fait des files de camions, bloque en attente de payer des taxes, auxquels personne ne comprend rien...
Depuis mon entree dans le Maranhao, je commençai a desesperer de retrouver des villes "normales" ou un tiers des mecs ne seraient pas alcoolises et ou moitie des filles ne tapineraient pas dans la rue, l'autre moitie se cachant pour pas qu'on les confondent avec la premiere moitie... Depuis ce matin, et ça fait du bien, j'ai retrouve des villages tranquilles ou je peux a nouveau converser avec tout le monde sans qu'on me prenne pour un "gringo" pervers. Pas la grosse frite aujourd'hui, j'ai roule un petit 67 km et je commence a sentir une fatigue de fond sans doute bien normale apres 1700 km de route... J'ai vu un panneau "Belem - 510 km", je me suis surpris a penser "plus que 5 jours" avant d'arriver... et de ne rien faire - pendant au moins une semaine, sur l'ile de Marajo. Loin des camions, du forro et de tous ces bruits constants ici... Je suis a Ze Doca, maranhao et je pense y rester deux jours pour me reposer un peu... Tchao

mardi 4 août 2009

Etape 17 : Bacabal > Santa Ines : 100 km


Crevaison... j'ai trouve la parade - je fais reparer par des gamins - ça amuse tout le monde et moi ça me repose...
Emballe, c'est pese !! 4 heures : 100 km. Aujourd'hui, j'ai "mange" cette grande route toute droite parfaitement plate. J'ai retrouve dans la nuit, la force evanouie la veille. A 11h, hier soir, je mangeais une pizza en buvant une biere - debout a 8 heures - je constatais que mon peu arriere etait creve (troisieme fois - j'ai plus de chambre a air) Meme cause, meme effet, de fins fils de metal issus des carcasses de pneu de camion - entrent dans le pneu et perforent doucement mais surement les chambres a air. Arret chez le "borracheiro"(reparateur de pneu) qui me dit ne rien avoir pour reparer les velos. Rendez-vous compte, ici il n'existe pas de rustines, pas de chambres a air et les mecs ont hallucine 10 mn sur le "peneou Micheline" - le pneu Michelin de velo - mou de surcroit (c'est un pneu tres tres souple). Selon eux, Michelin fabrique des pneus de camion, un point c'est tout. Je sors mon p'tit bazar - rustines, pompes et demonte-pneu - pour reparer mes chambres a air et - admiration - "on peut reparer un pneu de velo avec ça ? "Bah oui, coco et en France, ça coute que dalle une boite de rustines comme ça" Un mec arrive en moto et ajoute, "une fois, j'ai achete une boite comme ça dans le sud du Bresil - 1 real , les 5 rustines" etonnement... J'ai donc pris la route trop tard (comme d'hab') et je me suis dit que j'allais devoir tracer pour faire les 100 bornes dans le peu de temps qu'il me restait... 65 bornes en 2 heures et demi, jusqu'a Pio XII ou je dejeune rapidement dans un "restaurant-menagerie" ou poules, chats et chiens cohabitent joyeusement - c'est crade mais c'est bon... La patronne me parle d'un français qui vit la et possede un "hotel de gringos" dans le centre-ville. Je decide de lui rendre visite... en guise de français je trouve un drole de type, d'origine hollandaise et de nationalite americaine... il me dit etre "fugitif" et ne plus pouvoir rentrer aux Etats-Unis ou en Europe car il a ecrit un livre tres contestes sur la guerre bacteriologique - il est biologiste - diplome du prestigieux Massachussets Institute of Technology... Il pretend vouloir construire un pont entre le Bresil et l'Afrique, pour dit-il "sauver la foret". Son hotel est surmonte d'une curieuse tour de 15 m de haut... il me demande si je connais un editeur pour publier un livre, ecrit en 15 ans, ou il parle de decroissance de la population, de cannibalisme (pour reduire la population ????) de rechauffement climatique - qu'il pretend etudier depuis 1969... bref un drole de gus passionnant et pas si fou que ça, malgre les apparences... Je degusterai les 35 derniers kilometres en 1h30 pour arriver a Santa Ines... Pauvre sainte, le Maranhao serait-il un gigantesque bordel ambulant ? Ça tapine jusque dans les couloirs du "meilleur hotel" de la ville... triste realite - misere ordinaire, ou des prostitues de 15 a 60 balais trainent les rues de la ville comme des ames en peine dans le vacarme assoudissant du forro... En attendant, moi je vais me coucher - cette pauvrete m'agresse, me fatigue et me desole :-(

Etape 16 : Peritoro > Bacabal : 65 km


James, "o caçador de monstro" - pathibulaire mais presque... en fait un clown, que je voudrais pas croiser un soir de pleine lune...
A force d'en parler et de le redouter ça devait arriver... Je me suis leve malade a 7h30 avec le sentiment d'avoir 100 ans tant j'etais faible - a 8h00, j'etais "carpette" incapable de bouger, le ventre en vrac - a 9h00, je dormais, assome par la fievre, d'un sommeil de plomb - a 10h00, je trouvais la force de me lever, de preparer mon biclou et je partais a 11h00 sous un soleil de plomb - sans force aucune... Par chance, la route fut plate, ne me demandez pas comment etait le paysage - j'etais si concentre sur mon objectif que je n'ai rien vu... Je me suis arrete une premiere fois dans un poste pour prendre une douche tant mon corps semblait bouillir... bu deux jus de goiave trop sucre, un coca puis tel un robot j'ai enfourche mon velo jusqu'au poste suivant... A peine arrive, "Oiiiii, sou James o caçador de monstros" un mec pathibulaire (mais presque) me tombe dessus et se presente, reculant d'un pas et haussant son sourcil droit, sous le titre pompeux de "James, le chasseur de monstres" La formule est drole, je suis naze mais j'eclate de rire et lui serre une franche poignee de mains - avec l'index pointe vers lui - pour dit-il concentrer les bonnes ondes. Il est "indigene" et voyage a pieds. Il me dit venir du Ceara, 1000 km a l'ouest et pretend avoir parcouru 230 km en trois jours et 3 nuits car, dit-il, "mes jambes sont celles du cheval" geste a l'appui, il me demande de toucher le sol de deux doigts, puis son mollet gauche pour eprouver la durete du muscle egale a celle du bitume... Il pretend chasser les vampires de la nuit (deja 19 abattus - pas mal, hein !!!) et s'abreuve a intervalles reguliers d'une potion laiteuse "natural", ajoute-t-il, fortement concentre en alcool (vu l'odeur ;-). Il me montre ses "blessures de guerre"... Ici sur le front, un jaguar l'a attaque mais il a su le faire fuir - la, sur son bras gauche des traces de morsure - de serpents venineux - mais je suis "immunise", dit-il - sur son bras droit, un vampire l'a frappe mais il l'a tue, une nuit sans lune...et d'ajouter dans un français presque parfait - "je suis polyglotte MoOOonsieur..." Il me prodigue quelques conseils de vie en foret bien reels et je lui file un tee-shirt - le sien a deja bien vecu (avec tous ses vampires ;-) et deux reais - car assure-t-il, "je n'ai pas mange depuis 3 jours". J'en profiterais pour m'eclipser et rejoindre Bacabal... Vous le croierez ou non, il m'avait redonne la force de parcourir les 10 derniers kilometres...

lundi 3 août 2009

Etape 15 : Caxias > Peritoro : 135 km


De jolies forets qui peinent a cacher la misere ambiante...
J'ai roule toute la journee dans une jolie foret, plantee de nombreuses especes ; du cajueiro, aux fruits et noix (cajou) si delicieux, jusqu'au buriti ; grands palmiers dont on utilise les fruits pour faire des pates de fruit et les palmes pour tresser paniers et bijoux delicats... Je n'ai croise sur 135 km que de jolies mais modestes maisons a armature de bois recouvertes de terre. Je pensais l'an dernier que c'etait exceptionnel mais ici c'est la norme - quel pauvrete !!!. De temps a autres, quelques beaux lagons ou s'agitent bruyamment quelques jeunes indiens font oublier la misere ambiante. De mon cote, j'ai galere toute la journee tant la route etait difficile. Les douces ondulations de la veille sont devenues des plis marques, heureusement entrecoupes de longues descentes. Les bas-cotes, sur lesquelles je roule sont dans un etat lamentable et je dois slalomer entre les trous et autres carcasses de pneu de camion, nombreuses et traitres car elles recelent de fines tresses de metal qui crevent les pneus de mon frele velo. Je me suis use sur la route, suant sang et eau pour arriver avant la nuit a l'etape. J'ai bu comme jamais, suant des litres de sueur au point de tremper totalement short et casquette... des gouttes de sueur perlaient aux coudes et me piquaient les yeux. Plusieurs rencontres en journee dans les postes a essence, qui sont pour moi les oasis ou je fais les pleins de liquides et autres sucreries... Je fais des rencontres : un jeune "con", qui me presente deux jolies filles comme on presenterait deux beaux chevaux "elles sont pas belles les filles du Maranhao ???". Plus tard, ce seront 3 chauffeurs routiers qui m'invitent a leur table pour partager bieres (ça picole ici !) et repas... et me parlent encore et toujours des filles du Maranhao, reputee dans tout le Bresil pour leur joliesse (je confirme) et leur hardiesse... Ils me parlent de ma prochaine etape comme le paradis des routiers (?!)... J'arrive a Peritoro, epuise, sans jus pour decouvrir une ville coupee en deux par un pont. "Ils" parlaient de paradis et je vois l'enfer, d'un cote, le spectacle affligeant de bars a prostituees. Sur la surface d'un terrain de foot, ce ne sont que tables occupes par des chauffeurs bourres qui dansent maladroitement avec des putains delures... ça sent la biere, la cachaça et les gaz d'echappements eclaires par la lueur balafarde et poussiereuse des phares des camions qui traversent la place. Symptome de l'extreme pauvrete, ça tapine a tout va... De l'autre cote, c'est une ville proprette avec sa gare routiere, ses hotels et commerces flambant neufs. Je choisis ce cote pour dormir quelques heures - je suis epuise, patraque et ce soir je ferai pas de vieux os...

samedi 1 août 2009

Etape 14 : Terezina > Caxias : 80 km


Rio Parnaiba a Terezina - frontiere entre Piaui et Maranhao
J'ai quitte Terezina assez tot pour filer vers Timon et changer d'etat "de l'etat solide, a l'etat gazeux" disais-je hier tant il fait chaud... Je suis donc maintenant gazeux dans le Maranhao, vaste etat du Bresil que je vais traverser jusqu'au nord pour rejoindre Sao-Luis puis Belem, dans l'etat du Para. La route, parfaitement rectiligne, ondule doucement - et je file, repose a 25 km/h. Les camions sont nombreux et je m'interroge sur les risques insenses que prennent certains chauffeurs en doublant, sans visibilite, dans le creux des ondulations. Petit apparte, je me suis arrete ce matin vers 9h30, boire un jus frais dans un poste a essence - le chauffeur a ma gauche prenait un cafe et on a papote un bon moment - car il connait la route transamazonienne... Le chauffeur a ma droite, taciturne buvait une cachaça (alcool de canne a sucre a 45%) bien tassee. 10 kilometres plus loin, triste scene : collision frontale entre deux camions, l'un doublait sans visibilite et s'est pris l'autre en pleine face... ça vient d'arriver, il y a du monde et la cabine de l'un des camions est a 30 m de l'impact - l'un transporte du gaz en bouteille - je passe tres vite sans me retourner... La scene m'a coupe l'appetit mais je me force, quelques kilometres plus loin, a avaler quelques calories. Je suis en forme et les 80 km me paraitront bien courts aujourd'hui jusqu'a Caxias et sa "lan-house", point d'acces internet, extremement moderne ou j'ai pu enfin charger les photos (YeEEeesss). Demain s'annonce "chaud", on me parle de 150 km sans ville ou village...aAAaarghhh !!! ce que je vais verifier de ce pas ;-)

Pause > Terezina

J'ai dormi 13 heures pour me reveiller a 10 heures, un peu groggy mais pret pour une visite de la ville selon les informations donnees par mon nouvel ami. Ses indications sont precises et le tour est vite fait... Je peine pourtant a trouver du charme a cette ville moche et extremement chaude. Je tente de sauvegarder mes photos sur DVD mais le mec manque d'effacer mes 300 photos d'un clic malencontreux - pas glop !!! J'avale de mauvais "pastels", ces pates de fromages, qui ailleurs peuvent etre bons et me noie de boissons pour tuer cette chaleur intense. Decidemment, j'aime pas les villes ;-) Je retrouve le soir meme Ivan, avec qui je discute deux heures de la France, du cinema, du commerce, de la religion - on a refait le monde a notre façon avant que je ne m'eclipse vers ma pension - un mec bien...

Un Bob apres 13 heures de sommeil - ça donne ça, un peu surpris par la telecommande de l'appareil-photo qui reagit vite. Etonne aussi de voir que j'ai maigri - ici les miroirs sont rares et souvent petits ;-)

Etape 13 : Passagem Franca Do Piaui > Teresina - 121 km


Beatriz, poupee de 5 ans montee sur ressort qui me sort la panoplie complete de la gamine enervee
Je suis parti de Passagem tres fache car le petit dejeuner promis la veille avait disparu et le patron avait trouve bon d'entrer dans ma chambre avec 10 mecs - qui allaient occuper la chambre le soir meme - des 7 h du matin, en me demandant, pas gene pour deux sous de partir maintenant. Je l'ai envoye peter proprement avant de me barricader a double tour pour dormir quelques heures de plus... d'autant que la chambre tres proche de la route, m'a semble etre un couloir etroit emprunte par des camions sans echappement toute la nuit... Bref, a mon lever, tout le monde est fache, y compris les petites minettes qui la veille m'avaient si gentiement accueillies avec la petite Beatriz (voir photo). Tant pis pour eux et pour moi, je file le ventre creux sans couper a une seance photo au poste d'essence, ou je fais le plein... d'eau. Les serveuses du resto tout proche veulent des photos et a tour de role je fais la pose pour des portables-photos... Je roule au mental jusqu'a Teresina ; une route sans interet, doucement vallonee que la fatigue m'a sans doute empeche d'apprecier. C'est une ville moche comme 90 % des villes du Nordeste... Les commerces d'eletroniques succedent aux commerces automobiles et gachent le petit centre historique a peine egaye par quelques placettes ombragees. Je roule donc sans but dans cette grande ville et je m'arrete au pif sur la grande terrasse d'une pizzeria... Un p'tit mec m'attrape immediatement et se presente comme "je suis Ivan, le patron...". On devient pote immediatement - il m'offre bieres et pizzas, m'indique ce que je dois voir dans cette ville et me conduit dans une pension ou je decide de rester deux nuits pour me reposer... sympa.

Etape 12 : Elesbao Veloso > Passagem Franca do Piaui


Vu sur la route : si le fondateur de la ville n'est pas français au moins etait-il francophile...
Petite etape de 55 km a peine aujourd'hui - Apres mon accueil triomphal de la veille, j'ai roule sans joie sur cette route monotone. Petis soucis mecanique, je dois reserrer les rayons de la roue arriere qui se dandine maintenant sous le poids des sacoches (30 kg). C'est la seconde fois depuis le debut du voyage et j'observe egalement le pneu arriere qui s'use a vitesse grand V sous l'effet de la charge, de l'asphalte brulant et des kilometres... Je fais une pause avant Passagem Franca dans un resto sympa, ombrage, un peu a l'ecart de la route, pour me restaurer et je mange le meilleur PF (Prato Feite), c'est a dire "plat tout pret" que j'ai jamais mange au Bresil - tout est bon et j'en felicite Lou, la sympathique cuisiniere indienne (a droite sur la photo) qui me retorque du tac au tac "alors, je suis bonne a marier ?" dans un large sourire... Je passe deux bonnes heures a deconner avec elles et ses copines en reparant mon biclou - quelle decontraction ! J'adore et ça me remonte le moral - un peu use par la route. Mais il est maintenant tard et je dois m'arreter a Passagem Franca ou je profite du temps qu'il me reste avant la nuit pour faire une petite lessive, pas interessante mais "oh combien" importante ;-)

vendredi 31 juillet 2009

Etape 11 : Ipiranga Do Piaui > Elesbao Veloso : 107 km


Spectateurs attentifs, alors que je change une chambre a air... une biere a la main ;-)
Accueil triomphal a Elesbao Veloso ou je trouve le moyen de crever (deuxieme fois) en arrivant sur la place centrale... Emeute autour de moi, une foule bigarree de gamins, ados et adultes desoeuvres m'entourent pour savoir qui je suis, ce que je fais la, et comment je vais bien pouvoir faire pour reparer seul ma roue crevee. Ici c'est le "borracheiro" et personne d'autre qui repare les pneus. Je sors ma trousse a outils "exclamation : Oooohhh... Je sors la boite de rustines... Aaaahhh (ils en ont jamais vu...) Je demonte la roue et le pneu en 1 mn sans outils (merci les pneus "mous") OoooAAaaaahhh et je remonte le tout en gonflant assez vite avec une mini-pompe qui les fait halluciner... 5 mn plus tard, la presse arrive : interview de la radio locale... apres l'interview on m'offre l'acces a internet et une heure plus tard, je retrouve le journaliste qui m'offre une glace. Je file me doucher et diner dans LA pizzeria du coin ou on me demande de poser avec la patronne, qui souhaite mettre des photos dans son livre d'or - je rigole doucement... avant de retrouver le calme de ma chambrette et un repos bien merite...

Etape 10 : Picos > Ipiranga Do Piaui - 55 km

Picos "la mercantile" : une avenue de 10 km de long, bordee de commerces en tous genres - deprimant...
J'ai quitte Picos, "la tete dans le sac" apres les douze bieres de la veille - malgre une tres bonne nuit. Petit dejeuner gigantesque, que je digererai mal vu la quantite de biere dans mon estomac... Les choses se corsent d'emblee puisque Picos "la plate" est cerne de montagnes que je dois traverser - 2 heures de montees sous un cagnard a faire tomber un cheval... Je sue la biere de la veille et je retrouve un semblant d'energie apres une heure de route. Je discute avec des vendeurs de noix de cajous qui m'expliquent gestes a l'appui, la technique pour extraire la noix apres l'avoir fait grille - interessant. J'en achete 500 g que je distribuerai les jours suivants... Aujourd'hui, j'ai passe les 1000 km sans trop m'en rendre compte - un Lille-Marseille, la chaleur en plus... J'atteint Ipiranga apres seulement 55 km d''une route ereintante...

Etape 9 : Campos Sales > Picos - 125 km


Premiere crevaison avant Campos : c'est la valve qui a lache...
Campos Sales : 11 h - je prends l'asphalte surchauffe pour rejoindre Picos que je crois etre dans les montagnes (picos=pics ???) Je roule vite toute la journee dans l'attente du relief et je rejoins la fameuse Picos, bien mal-nommee, car c'est totalement plat, a 6 h dans une semi-obscurite. Encore une drole de ville sans centre, ou les commerces ont remplace les maisons d'habitation le long d'une immense avenue de 10 km de long. Je me pose le long de cette avenue dans une legere brise presque fraiche et je suis rejoins quelques minutes plus tard par la foule des travailleurs sortis du boulot. Un mec sympa m'invite a sa table avant que ses deux amis n'arrivent. Discussion, palabres durant deux bonnes heures avant que mes nouveaux amis ne m'invitent a les suivre au Galpao, institution du Forropour la fete ou a lieu un concert de forro, cette musique nordestine qui a le don prodigieux de m'agacer instantanement. Curieux, j'accepte et j'arrive dans un lieu immense, usine desaffecte ou des ados enerves piaffent d'impatience devant la scene. Ça fume, ça picole et je suis une fois de plus etonne par la jeunesse des clients - de 10 a 25 ans !!! Le concert commence et je retrouve cette musique sautillante, repetitive, criee par 4 chanteurs enerves. Des danseuses court vetues, joviales et rondelettes les accompagnent, agitaqnt frenetiquement, seins, fesses et bidon rebondi le sourire aux levres... Petit concours de danse pour egayer la soiree : les candidats - tres jeunes - montent sur scene et proposent des choregraphies etonnantes et detonantes - c'est excellent !!! Apres moults bieres et divers tours et detours dans la ville je rejoins ma chambre pour dormir d'un sommeil sans reve jusqu'au lendemain...

Etape 8 : Nova Olinda > Campos Sales - 105 km


Famille modeste a Nova Olinda - emue la jeune fille a les larmes aux yeux... ce qui fait rigoler ses freres
J'ai quitte Nova Olinda zombifie, sans repos, sans repas... pour m'arreter petit-dejeuner solidement dans le village suivant. C'est une region de collines assez hautes et je ne peux pas me permettre de rouler sans sommeil, le ventre vide... Discussion cordiale avec les clients du p'tit bar qui hallucinent devant l'ampleur du voyage et me donnent le courage d'avancer aujourd'hui encore... Montagnes russes une fois de plus, la route est mauvaise et les pentes ardues et je me traine comme une limace pour rejoindre Potenji et un grand dejeuner... qui va m'encombrer toute la journee - il fait trop chaud, la route est trop longue et mon estomac paresse dans les esses de la route... J'arrive a Campos Sales en fin de journee et la encore c'est la fete... Je me fais alpaguer en 2 minutes par des clients attables aux nombreuses terasses alentours. On m'offre coca, bieres et autres rafraichissements que j'accepte avant de trouver un endroit pour dormir. Extenue j'ai rejoins un "dormitorio" ou je me repose une heure avant de retrouver mes amis genereux. Mais fatigue, je tiendrais pas une heure a boire, biere sur biere (sport national bresilien ?) et je m'eclipse assez vite retrouver les doux bras de Morphee - Demain sera un autre jour...

Etape 7 : Milagres > Nova Olinda - 95 km


Ça rigole pas des masses sur laphoto, mais c'est une famille en or (Milagres)
J'ai quitte Milagres a 9 h, un peu emu par les adieux a la famille qui m'avait accueilli. J'ai roule toute la matinee dans un paysage qui evoquait... la Normandie (Vous allez me dire a quoi ça sert de faire 13000 bornes pour rouler en Normandie). J'ai vite compris que la Normandie d'ici avait quelques dizaines de degres de plus et que les collines verdoyantes allaient bientot devenir de petites montagnes bien pentues... Je n'ai cesse de monter et descendre pour atteindre Juazeiro Do Norte, ville moderne et commerciale comme je pense 90% des villes bresiliennes. Fatigue, j'ai longtemps discute avec un etudiant qui payait ses etudes en travaillant dans le resto ou j'ai dejeune. Je suis donc parti tres (trop) tard pour rejoindre Nova Olinda, s'en savoir que Crato, la ville suivante se nichait au fond d'un cratere (Crato=Cratere - c'est con des fois !!!). Ancien volcan ? Personne ne le sait, mais sortir du cratere signifiait 11 kilometres d'une pente tres abrupte ou pour la premiere fois je suis passe en petit plateau-grand pignon pour monter a 8 a l'heure. Rencontre avec deux "vrais" cycliste qui montait cette pente abrupte pour le seul plaisir du sport. Je me suis tue a monter plus vite qu'eux si bien que les derniers 25 km dans la foret au soleil couchant m'ont paru une eternite... J'ai aperçu la ville a la tombe de la nuit et ai rejoint les faubourgs dans le noir total (heureusement pas de circulation). Je me suis arrete, epuise dans un petit bistrot sordide ou Abraham, un jeune mec plutot sympa m'a propose l'hebergement. Un peu etourdi par l'effort j'ai accepte sans trop me rendre compte de l'impact... 10 minutes plus tard, je me retrouvais dans un bidonville en peripherie de la ville, attraction autour du "français" - mon hote me presente les commerçants locaux : des gueules casses, des mal-foutus, des pas-beaux... La palme revenant a l'etrange epicier, si vieux qu'il semblait etre un arbre a l'ecorce epaisse et sa femme minuscule aux yeux immenses et triste, chihuahua humain digne de figurer a l'affiche d'un "Freaks II". Leur fils etait... inquietant, noueux comme un bonzai avec de grands yeux fixes cernes de noir... C'est accompagne de ce cirque ambulant que je suis entre dans le quartier populaire a la rencontre de la famille de mon hote. Grande famille, une maman accompagne de ses 5 enfants dans une grande pauvrete et, c'est toujours frappant, une ribambelles de tres jolies jeunes filles qui a l'arrivee "du français" ont revetu leurs plus beaux atours et "papillottes colorees" tournent autour de moi comme des moineaux enerves a grands coups de sourires carnassiers. Je me sens deplace, gene et je demande a rentrer pour echapper au cortege bruyant qui nous suit depuis 500 m. Maison modeste, vide de meuble, ou nous attend la femme de mon hote - poupee de 1,45 cm, un bebe dans les bras intimidee par mon arrivee... Je me douche d'un demi-seau d'eau et on me presente une immense assiette que je ne peux finir tant elle est epicee... Tres vite tout le monde se couche et je comprends que je vais dormir sur le canape, qui n'a plus de matelas... Trop petit, tres sale, sans matelas je subi pour corser le tout une attaque en regle de moustique et dort peniblement deux heures avant de prendre la route, ereinte a 7h du matin - courage, fuyons !!!!

Pause > Milagres

Pas de photos ces jours-ci, impossible de trouver un ordi potable dans ces villes de l'interieur. Quand internet fonctionne, c'est l'energie qui vient a manquer. Quand il y a de l'energie, c'est la ligne telephonique qui foire et quand les deux fonctionnent c'est l'ordi qui a rendu l'ame... tue par des virus ou par la poussiere qui est partout... Je suis reste un jour de plus dans ma pousada familial. J'ai fait ma petite lessive, sous le regard moqueur de Simone, la jolie femme de menage qui avait pas vu un homme faire son linge depuis des lustres. Puis, j'ai visite cette ville qui comme les autres a vendu son ame au commerce... On y trouve tout ce qu'un parfait paysan bresilien peut vouloir. Ça va du fil de fer barbele au savon en passant par le sacro-saint sac de riz ou de haricots noirs... Je me suis fait un pote, un entrepreneur de travaux publics de 65 ans qui m'a propose des le deuxieme jour de m'associer avec lui pour dit-il, developper sa societe. Je croyais qu'il plaisantait mais quand il m'a amene chez lui, presente sa fille (oh, jolie !) et les comptes de la societe, j'ai compris qu'il etait serieux. C'est un jumeau de Cannon, vous vous souvenez le flic de la serie americaine des annees 80. Un joyeux drille qui me dit m'avoir adopte comme son fils des le premier jour...Mais revenons a la societe, il bosse sur la transamazonienne et fait de l'entretien, du terrassement et le travail ne manque pas sur ce chantier gigantesque. Il propose de payer les 150000 reais necessaires a l'obtention de mon visa de travail...et m'attend des la fin de mon periple amazonien. Un miracle, je disais... Le soir meme, bamboula et presentation de "piranhas", un peu effrayantes a mon gout, avec tous leurs attributs surdimensionnes, a qui je laisserai le plaisir d'en croquer d'autres. J'ai finalement quitter tout ce petit monde le lendemain, le patron de la pousada avait la larme a l'oeil au moment ou de façon assez inattendu le petit Juninho, petit fils de la famille m'a saute dans les bras pour me demander quand je revenais en donnant des coups de pieds a son pere qui tentait de le reprendre...oups !!!! Il faut dire que les papas ici sont assez absents et que "jouer avec ses enfants" reste un mystere pour la majorite des hommes. L'heure que j'ai passee la veille a jouer avec Juni, avait surement reveille chez lui des envies de "papa-calin" Je recommencerai plus...

jeudi 23 juillet 2009

Etape 6 : Cajazeiras > Milagres - 80 km

J'ai pris la route sous un soleil radieux avant qu'une pluie insidieuse ne vienne refroidir mes ardeurs et ne me quittent plus pendant 3 heures. J'ai enchaine les montees sans vraiment voir les descentes pour finalement changer de region - je suis dans le Ceara - et arriver a Milagres*. Un *miracle effectivement d'avoir pu faire 80 bornes dans ces conditions. Les routes si bonnes dans le Paraiba sont ici ruinees par les camions et j'ai zigzague entre ces mastodontes une bonne partie de la journee. Rassurez-vous ce gymkhana improvise se passait a 10 km/h entre nid-de-poules - il faudrait dire "d'autruche", nombreux et assez profonds pour y laisser une roue de velo ou un essieu de camion... Toute le monde roule donc sur des oeufs pour preserver materiel et cargaison. ça reste malgre tout impressionnant de laisser le passage a un camion de plus de 20 metres de long charge jusqu'a la gueule... Ces longues montees dans les collines me laissent le temps d'admirer le paysage (tu m'etonnes a 8 a l'heure) et les bestioles qui vont avec comme ce Cobra Corail - fraichement tue - qui semble bien inoffensif avec son air de collier bresilien et qui est pourtant mortel : un des plus venimeux du Bresil. J'ai egalement remarque que les vautours habituellent tres present ont disparus - remplaces par de beaux et grands rapaces bruns qui tuent et bouffent les serpents quand ils traversent les routes. Je desespere pas de filmer ou photographier la scene ;-). Je suis donc arrive en fin de journee a Milagres, drole de ville-frontiere entre Ceara-Piaui et Paraiba et je me repose actuellement dans une excellente pousada ou je suis comme "un coq en platre" entre les parents attentionnes, la fille interessee et le petit fils un peu excite...

mardi 21 juillet 2009

Etape 5 : Pombal > Cajazeiras - 100 km


J'ai roule aujourd'hui avec une bonne peche... Malgre le soleil qui tapait tres fort ce matin, qui a fait monter ma temperature corporelle d'un cran au passages de plusieurs "serrinhas" - ces petites reseaux collinaires. Bien ralentis ce matin, j'ai rattrape cet apres-midi mon retard en traçant a 25 a l'heure sur une route pourrie mais presque plate... dans un decor somptueux - quel ciel !!! Je commence a rencontrer pas mal d'animaux "exotiques" serpents, araignees et autres insectes plus gros que nature - j'adore !!! J'ai vu ce matin une scene qui m'a paru terrifiante - 3 camions carbonises, broyes au bord de la route - visiblement un camion qui entrait sur la route s'etait fait tape des deux cotes en meme temps... Le restaurateur du village suivant m'a confirme l'accident de la semaine derniere en me disant que tout le monde avait peri carbonise... brrr... horrible.

Piranhas...


La coincidence est trop marrante... Au Bresil, on appelle ces jeunes femmes un peu "entreprenantes" des piranhas et je sais que la plupart venaient d'un village proche qui est - c'est excellent - sur le "Rio Piranhas" que j'ai traverse aujour'hui... ça m'a fait sourire une bonne heure ce matin...

Etape 4 : Patos > Pombal : 80 km


J'ai quitte Patos sans entrain (vous me direz, c'est normal avec un nom comme "Pathos"), cherchant vainement la motivation... le soleil tapait tres fort et j'ai quitte cette vilaine ville tard dans la matinee. Une heure plus tard, je m'arretais deja pour tenter d'acheter de la motivation... sous la forme de barres de goiabada et de bananada, des pates de fruits, riches en sucres... et en motivation ;-). Petit village tranquille, tout le monde est a 2 a l'heure mais prompt a discuter... Une heure de discussion plus tard, j'apprends qu'un français, Pierre, vit ici, qu'il vends de la pulpe de mangue, des raccords plastiques et qu'il est tres prospere... Je continue ma route, un peu plus riche de cette rencontre et de la discussion qui en a decoule et je m'arrete a Malta pour prendre le repas qui me redonnera cette satanee motivation. Le petit resto est blindee mais deux gars sympa me font de la place en m'offrant une biere que je refuse (si je prends une biere maintenant, je dors ici !!!). Discussion, palabres puis les gars quittent le resto en m'offrant mon repas et la boisson - etonnant ! Dans l'intervalle, la police militaire est arrive - toujours impressionnant - fusil d'assaut a la main et flingues au fourreau... Visiblement , ce sont des habitues et le patron leur lance deux ou trois vannes qui les font bien rigoler... Je finis mon repas et le plus grand d'entre-eux me prie de l'excuser car il veut parler avec moi de ce que je fais, etc, etc... 15 minutes tard, il m'invite a la caserne pour me reposer, prendre une douche, manger un morceau - il est 15 h et je refuse car il me reste encore 50 km a parcourir mais je suis surpris par tant de gentillesse... ils sont charmants !!! Je quitte le resto a 10 a l'heure et je m'arrete 25 bornes plus loin pour boire un coca et discuter (encore) avec les commerçants... Je sors l'appareil photo et je commence une belle series de portraits de la moitie des commerçants, hilares... Je reprends enfin la route pour arriver a Pombal qui fete ses 147 ans (drole d'anniversaire) et je me fais coincer gentiement par une auto pleines de midinettes en goguette qui reclament photos, video, discussions dans une grande rigolade... Je m'eclipse, sourire aux levres, apres 30 mn, pretextant une fatigue intense... je reste sidere par l'aplomb de ces tres jeunes femmes qui bien sur me demandent si je suis seul, celibataire, mon age, etc, etc - sauvages, non ?

dimanche 19 juillet 2009

Etape 3 : Soledade - Patos - 120 km


*BR-230 = Transamazonica, un long ruban d'asphalte etonnament bon... pour le moment !
J'ai quitte Soledade apres 12 h d'un sommeil sans reve... Au matin , j'etais comme neuf, fini les cuisses douloureuses, le cul casse et le moral en berne... J'ai repris le long ruban d'asphalte rassasie d'un excellent "pudim de leite" et d'un "bolo de milho" parfaitement roboratif. J'ai la patate, le ventre plein et j'envisage sereinement l'etape du jour - 60 km ce matin et autant l'apres-midi - je le sens, ça va le faire... Mais, misere, a midi j'ai fait 50 bornes de yoyo dans les jolies serras qui s'enchainent - j'en ai passe deux et je sais pas a quel sauce je vais etre mange cet apres-midi. Je m'arrete dans un petit resto sympa au bord de la route et je me gave de sucres, riz et autres haricots noirs... Les clients qui sont la m'interrogent les uns derriere les autres...
"bon, t'es français mais d'ou ?"
"Bah de France, mec..."
"t'es venu en velo de la-bas ?"
"Je peux pas, amigo, y'a l'ocean..."
"Oui, mais la tu vas ou ?"
"Porto Velho - Rondonia"
"ouais mais qui t'emmene ?"
"Mon velo, j'y vais en velo, en pedalant..."
"Mais, c'est loin, c'est pas possible ???"
Si, si, c'est possible et je vais mettre 2 a 3 mois pour y arriver ;-)
Apres plus d'une heure de question-reponses, je reprends la route - j'chuis pas d'ici, la nuit tombe vite... et il me reste au bas mot 70 bornes d'une route que je connais pas...
Par chance, apres etre monte toute la matinee, la route est plutot descendante... a 20 bornes du but, je doute pourtant d'y arriver et je bifurque vers un village minuscule ou l'on me dit qu'il n'y a rien ici pour manger ou dormir... On m'offre un lait de coco gele (j'ai une si sale tronche que ça ?) et je reprends mon chemin avec un delai d'une heure pour faire 22 km... avant que la nuit ne tombe et que les loups ne me mangent. J'arrive a Patos a la tombee de la nuit et je trouve facilement une pousada dans la rue principale de cette ville moche, peuplee de tres jolies filles (ça rattrape le coup !!!). La patron m'accueille comme son fils et ne croit pas une minute que je puisse etre français, en velo... marrant. Une bonne douche, un biere et une pizza plus tard - je vous ecris depuis un cyber-cafe equipe d'un internet rapide... Je vais bien - pas trop casse - pensant deja au lendemain...
* J'adore la telecommande du SX1 Canon, qui me permet de faire des images jusqu'a 10 m sans fil a la patte...

Etape 2 : Campina Grande - Soledade - 60 km


La station en face de mom dormitorio a Soledade - ambiance 50's...
J'ai quitte Campina Grande a 10 h, le ventre plein et le corps repose de l'exces de kilometres de la veille. La ville est construite dans une "Serra" et en sortir signifiait monter pour mieux redescendre dans la vallee suivante. 10 km de montagnes russes pour finalement arriver dans de tristes faubourgs ou un 4X4 flambant neuf de la Policia Militar me depasse a faible allure - pour s'arreter devant moi en me faisant signe de stopper... Gloups, cette fois ça y est, ils vont m'interdire de continuer sur cette petite route pour des questions de securite... Je m'arrete a hauteur du jeune conducteur, harnache comme un soldat de l'ONU - gilet pare-balles, casque, fusil-mitrailleur - je fais pas le malin. Jovial, il me demande qui je suis, ce que je fais la, pourquoi etc, etc... Je toise d'un regard les 4 bibendums dans l'auto ; pas un n'a plus de 25 ans, y compris la jolie fliquette qui me demande mon prenom et me demande une photo - qu'elle prend avec son portable - la j'hallucine... Je tape la tchatche un bon quart d'heure, au bord de la route puis il me laisse filer en me tendant une large poignee de bonbons - la scene est surrealiste - ma maman m'a toujours interdit de prendre les bonbons d'un inconnu mais la je peux pas refuser. Je repars, heberlue, des bonbons pleins les poches et le sourire au levres. Ils me depassent 5 km plus loin et me filment avec leur portable par la portiere durant 30 bonnes secondes - quelle escorte ! Mais cet interlude n'empeche pas la difficulte et bien vite je me rends que je ferai pas mes 100 kilometres journalier - je paye les exces de la veille et j'ai les cuisses qui me brulent des 30 km. A 60 km, je rejoins Soledade et decide d'y rester... Un "dormitorio" tenu par le pompiste fera l'affaire - 8 reais, je paie 3 euros pour une chambre tout a fait correct et propre... Je m'ecroule sans diner a 18 heures pour me lever a 8 h... profitable ;-)