jeudi 4 mars 2010

De bonnes fréquentations...


Vous avez été 10609 visiteurs uniques à passer sur ce site depuis juillet 2009 et 31764 (!!!) si j'additionne ces chiffres à ceux du blog de l'an dernier, qui continue de battre des records de fréquentation. Vous êtes répartis majoritairement entre la France et le Brésil mais je reçois également la visite régulière d'internautes africains, américains du nord et du moyen-orient... plus étonnant, les connexions régulières d'un insulaire d'une ile que j'interprète comme étant San Tomé et Principe au large du Nigeria...
Vous venez de : France • Brésil • Sénégal • Etats-Unis • Mexique • Suisse • Bolivie • Martinique • Belgique • Espagne • Guadeloupe • Canada • Belgique • Algérie • Maroc • Tunisie • Italie • Allemagne • Ukraine • Sultanat d'Oman • Hollande • Réunion • Norvège • Qatar • Finlande • Gabon • Bahrain et une connexion satellitaire !!!
Si vous lisez ce message et que vous vous connectez depuis un lieu exotique, laissez-moi un petit mot ;-). Un grand merci pour votre soutien...
A noter : vous pouvez dorénavant laissez des commentaires sans vous inscrire et de façon totalement anonyme.

mercredi 3 mars 2010

Bolivie, je suis vraiment à l'ouest...


Santa Cruz de La Serra étant trop grande et bordélique pour ma caboche de routard des champs, je reprendrai la route après seulement deux petites journées de visite... décevant, malgré une place plutôt agréable et une cathédrale ocre rouge du meilleur effet...
Au troisième jour, sous le ciel lourd du petit jour, je quitterai, sans regret, le laid centre ville de la cité marchande pour rejoindre les vertes plaines du Chiquitina.
La route est plate et la carte ne me montre pas de difficultés particulières. A midi, malgré la pluie, j'ai parcouru 100 km. Je déjeune confiant dans l'unique et minable restaurant que je croise depuis ce matin... Je suis bientôt rejoins par le petite peuple de la route : routiers, voyageurs et voisins curieux, qui ne tardent pas à m'interpeler, me demandant ce que je peux bien faire dans ces contrées perdues. On m'apprend, c'est incompréhensible, que je suis sur la mauvaise route... Ma carte n'indique pourtant qu'une seule et unique route !
Un routier, "sympa" comme il se doit, m'offre de me ramener dans le droit chemin. Deux secondes et demi de réflexion et je charge Passeport sur sa citerne de lait... Mon chauffeur propose de me déposer, à 50 km, dans la ferme où il va collecter le lait. Curieux, j'accepte et nous arrivons bientôt dans une ferme ménnonites* où le digne descendant d'un Charles Ingalls, blond comme les blés, en cote de travail, m'offre un verre de lait. J'apprends qu'il est descendant hollandais et qu'il vient du Belize...
Après un cours technique sur la collecte du lait et quelques civilités d'usage, j'enfourche Passport et je reprends la route devenue piste... Après 500 m, je crève une première fois... puis une seconde fois, 5 km plus loin, puis une troisième fois après 25 km. Agacé, je jette Passport sur le bas côté et tend le pouce, désabusé. Après 10 mn, un camion-benne zigzaguant curieusement s'arrête à ma hauteur. Un chauffeur, bourré, en descend péniblement, titubant dans ma direction en m'invitant à charger mon vélo "à l'arrière". Interrogation, est-ce bien raisonnable de monter dans un 38 tonnes conduit par un chauffeur ivre ? Je regarde autour de moi et, seul dans mon short, sur cette piste au milieu de nulle part je décide de tenter le coup...
Après 10 mn de trouille intense, je demande à l'alcolo de service, si il veut vraiment "flinguer son camion" ; il est à 90 km/h sur une piste défoncée et je rebondis dans tous les sens sur le siège passager déjà bien effondré. Il me demande, dans un large sourire, si j'ai peur. Je réponds que oui et lui d'ajouter qu'"en Bolivie c'est comme ça" et d'embrayer sur les raisons de son alcoolisme. Sa femme vient de le quitter et il ne cesse de répéter qu'il est très fâché !!! Je décide, à mon tour, de le saouler de paroles pour le distraire et le faire, enfin, lever le pied... Ce qu'il consent à faire après une bonne demi-heure de slalom entre nid de poules et ornières profondes. A la nuit tombée, je propose de lui offrir un repas... problème, le seul et unique resto du coin est fermé. 12 km de piste déserte plus loin nous nous arrêtons dans une ferme demander pitance... accepté ! On dévore mon meilleur repas depuis un mois. Pressé, mon chauffeur maintenant dégrisé souhaite rouler plus pour, dit-il, "passer la petite chaine de montagne" qui se dresse devant nous. La piste est pourrie et le camion hoquette entre pierres et profondes saignées... Après une heure d'un invraisemblable gymkhana, je lance l'idée d'une courte sieste pour arriver frais et dispo sur le lieu de livraison : "prends la cabine, je dors dans mon hamac accroché dans la benne et je te réveille dans deux heures". Je le laisserai dormir volontairement plus de quatre heures... A 5 h, mon chauffeur "reposé" me déposera comme une fleur à 50 km de San José : une formalité.
En savoir plus : Wikipedia et reportage photo de Jordi Busqué

lundi 15 février 2010

De Sucre à Santa Cruz...


Après ma douce trêve, les premiers kilomètres pour rejoindre Santa Cruz seront difficiles. J'ai de grosses douleurs articulaires que je m'efforce d'oublier en moulinant dans les montées. Arrêté 10 jours, mon corps à perdu l'habitude de pédaler et mes muscles peinent à retrouver le goût de l'effort. Parti, la fleur aux dents, la réalité de la route me rappellent cruellement ce que j'avais entrevu sur la carte, le relief est bien marqué et je n'en ai pas fini avec Les Andes. Je vais en baver... Les 90 premiers kilomètres sont pourtant descendants et je m'amuse à 60 à l'heure à doubler camions et bus dans les esses de la descentes. Les 50 km suivants sont franchement montants et j'arriverai à Aiquilé, capitale mondiale du *Charango (c'est écrit en gros à l'entrée de la ville), tard dans la soirée. Je "testerai" de nuit, la double crevaison (merci les cactus) nocturne, dans la boue, sous la pluie dans une montée... Heureusement, au village, l'accueil est chaleureux, mon moral remonte en flèche - je suis de nouveau "gonflé à bloc"... Je repartirai le lendemain sous un soleil radieux, oubliant mes déboires de la veille. Le paysage est extraordinaire bien que la piste, technique et cassante, ne cesse de monter et descendre. Je paumerai, ce jour, les deux gourdes pourtant bien accrochées à l'avant de Passport. Je longerais des rivières, traverserais des canyons pour arriver à la nuit tombée dans le village de Pérez... rien à manger, rien pour dormir, je déprime 5 minutes avant que José, parfait inconnu, ne m'invite chez lui. Il me dit avoir accueilli par le passé d'autres cyclistes dont une japonaise "toute seule" et qu'il me laisse une chambre... Ce qu'il fera dans un total dévouement...( je l'aurai embrassé - épuisé - je me voyais mal planter la tente entre cactus et rochers, le long de la rivière). Je passerai une excellente nuit après, luxe inouï, une douche froide...
Au matin, mes douleurs articulaires auront mystérieusement disparues et me permettront de partir tôt. Je tracerais toute la journée dans la vallée du Mizque, pressé d'arriver à Pulquina. A 16h, après 2 jours et 300 km de pistes pierreuses, je retrouverai le bitume... mais m'épuiserait dans l'inattendue montée d'El Quine... 12 km !!!
Cuit mais motivé, je continuerais jusqu'à Los Negros ou je trouverais enfin un endroit décent pour dormir. Les journées sont parfois longues et, fatigué, je n'ai plus le courage de camper... Je préfèrerais dorénavant un mauvais hébergement barato** qu'une nuit sous tente, gratuite mais peu reposante.
Le lendemain, les 60 "petits" kilomètres de Los Negros à Samaipata seront "gâchés" par une effroyable montée pierreuse de 15 kilomètres, gravit sous une chaleur accablante dans la poussière des camions. Arrivé à 15 h, "décalqué", je ne serais pas long à décider de rester dans ce très joli village avec l'espoir de visiter le fort préinca sur la colline voisine... je peinerais pourtant à trouver logis dans ce village fort touristique.
Levé à l'aube, je filerais vers les ruines du fort préinca*** de Samaipata, perché tout là-haut, sur la colline abrupte. On m'avait décrit le chemin comme "facile", mais je suerai sang et eau pour accéder à ce site exceptionnel. Il a plut, la piste est à flanc de montagne et alterne rochers glissants et terre détrempée...
Ces pérégrinations culturelles et sportives me retarderont passablement et, à 11h du matin, il me restera plus de 110 km pour rejoindre Santa Cruz... que j'atteindrais, un brin "entamé", en extrême fin de journée...
*charango : petite guitare très présente dans la musique populaire andine
**barato : peu cher

***Les ruines de Samaipata sont le plus grand vestige pré-inca d'amérique latine et regroupe en un même lieu, un site religieux, des habitations au milieu d'une végétation luxuriante.

Plaisirs sucrés


Si vous avez tout suivi, je suis arrivé - dopé à la coca ;) à Sucre le 24 décembre au soir... J'y ai retrouvé, dans un hôtel, plutôt chic (franchement inhabituel pour moi, mais c'est pas tous les jours Noël) mes copines voyageuses : Adrienne, hongroise et Petra, allemande, que j'avais rencontré, sacs aux dos, quelques jours auparavant à Uyuni.
Sucre est une ville agréable, fondée en 1538, elle a su garder le charme et la douce atmosphère des villes coloniales. La vie artistique et culturelle y est importante avec de nombreux musées et théâtres mais également de multiples églises baroques dont la clarté des lignes est soulignée par leur blancheur immaculée. De nombreux bars et restaurants viennent parfaire ce cadre idyllique, idéal pour ne rien faire...et oublier, pour un temps, les affres d'un voyage à vélo. Ce sera ma trêve de Noël et même un peu plus : shopping, visites culturelles, restos, salades de fruits gigantesques et glaces à base de fruits régionaux... l'intermède durera jusqu'au 3 janvier et sera plus qu'agréable. Mes copines m'ayant redonné un semblant de vie sociale, après 6 mois de voyage solitaire, je les quitterai, avec un vrai pincement au cœur pour reprendre ma route vers Santa Cruz de la Sierra.

lundi 18 janvier 2010

Coca, mon ami...


Apres ma frustration "cyclistique" Uyuni-Potosi, il etait plus qu'obligatoire pour moi de reprendre la route avec Passport... "Es una bajada !!!" "C'est une descente" me diront plusieurs habitants de la ville, "160 km que tu vas le faire dans la journee"...
Mais, je me mefie toujours de ces discussions de coin de table avec des voyageurs du dimanche.
Les cent premiers kilometres leur donneront raison, filant a plus de 60 km/h dans la descente, j'aurais l'impression delicieuse d'etre un Armstrong, au meilleur de sa forme. A midi, j'avais deja parcouru 100 km et j'imaginais la suite du parcours comme une longue descente avec la confiance aveugle de l'optimiste beat.
Un solide repas plus tard, j'enfourchai Passport pour terminer, dans la joie, ce parcours jusqu'ici si facile... Mais les bonnes choses ayant toujours une fin, la route pointait maintenant vers le ciel faisant chuter ma moyenne...
A 120 km, j'etais "cuit", ne sachant pas comment j'allais rejoindre Sucre, 40 km plus loin, dans la journee, je decidai, curieux et dans un ultime recours, de mastiquer les feuilles de coca que j'utilisai jusqu' alors en infusion. Apres 30 minutes, une bonne trentaine de feuille coincees dans la chique, je commençais a sentir l'effet relaxant de la plante : fini les douleurs musculaires et plus etonnant, je sentais remonter mon moral alors au plus bas...
J'attendrai Sucre sans le moindre soucis en constatant a plus de 70 km/h dans une ultime descente les effets deshinibants de la feuille "magique" car, me gardant habituellement une reserve de securite lors de ces descentes tres marquees, la feuille avait fait sauter cette limite !!! Ce soir la, j'aurai toute les peines a dormir, tournant et virant dans mon lit a 4h du matin sans le moindre signe de fatigue...

Je vous renvoie a l'article de Wikipedia sur les effets de la feuille andine : http://fr.wikipedia.org/wiki/Coca

Potosi


Apres mon voyage "angelique", l'arrivee a Potosi sous une fine et fraiche pluie me ramene brutalement a la realite, je suis a quasi 4000 m d'altitude et les nuages qui s'amoncellent au dessus de la montagne du Cerro Rico n'incitent pas a la flanerie... Il faut que je trouve un hotel avant la grosse averse qui se pointe !!! Je descends Passport de la galerie du bus, charge les bagages et je pedale, le souffle court, vers les hauteurs de la vieille ville. 15 minutes plus tard, je rejoins "la rue de tous les hotels " ou je ne tarde pas a trouver logis a vil prix.
L'histoire de la ville est interessante ; suite a la decouverte en 1545 dans les profondeurs du Cerro Rico d'une mine d'argent, la ville devient au XVIe siècle, le plus grand complexe industriel du monde. L’extraction du minerai d’argent est alors assurée par une série de moulins à eau.
De nos jours, l'interet touristique de la ville reside dans les monuments industriels du Cerro Rico, où l’eau est amenée par un complexe système d’aqueducs et de lacs artificiels, la ville coloniale avec sa "Casa de la Moneda", l’église de San Lorenzo, des demeures nobles et les "barrios mitayos" anciens quartiers ouvriers au pied du Cerro Rico.
Mais la visite ne serait pas complete sans une descente dans un des puits de la mine d'argent, toujours en activite. L'experience est unique : on decouvre que les conditions de travail n'ont pas change depuis l'epoque coloniale.
La visite commence au marche des mineurs ou l'on achete quelques "cadeaux" destines aux mineurs : feuilles de coca, alcool a 96 degres (vous avez bien lu !!!), cigarettes et dynamite qui, soit dit en passant, est en totale vente libre en Bolivie...
On t'emmene ensuite, revetu du parfait costume de mineur, crapahuter 2 a 3 heures dans les profondeurs de la mines (claustro s'abstenir !!). Alors que tu rampes dans des goulets plus etroits que la niche de ton chien, une poussiere acre te crame les poumons et l'eau qui ruisselle des murs contient cyanure et arsenic... bienvenue en enfer ! L'esperance de vie est de 45 ans pour les mineurs qui pour la plupart meurent de silicose.
Une mine secondaire t'amene vers un musee improvise ou une statue d'"El Tio", figure diabolique, reçoit les offrandes des mineurs. "Dieu regit le monde d'en haut mais ici, c'est "El Tio" qui est en charge de tout" et je vous renverrai vers le diaporama pour illustrer mes propos...
A la sortie de la mine, nous ferons "joujou" avec dynamite et detonateur, provoquant une explosion qui "scotchera" tout le monde sur place. BoooOOOoooooommmmmm !!!!!

Le club des "Transam"...


Sans vouloir surestimer ou sous-estimer ma traversee amazonienne je vous faire part du tres interessant message de Douglas Gunzelmann de Boston, USA... qui m'a retrouve recemment sur internet grace aux temoignages des riverains de la transamazonienne "un français, blond, avec des cheveux longs..." ont-ils dit...
Nous suivions, a un mois d'intervalle, la meme piste. Lui a commence a Belem, moi a Joao Pessoa, 2200 km et un mois et demi avant.
Il m'indique que nous ne serions que 6 depuis 1972 a avoir traverse la foret amazonienne a velo et donne les noms de "Micha", un allemand, sans donner plus de precisions, Louis Sutherland, un Neo-Zelandais qui a emprunte ladite piste de Belem a Cruzeiro do Sul dans les annees 70 sur un Raleigh a 5 vitesses (!!??). Il en avait tire un bouquin aujourd'hui epuise, appele "The Impossible Ride" sans oublier Dan Robson, Francisco Silverio, deux bresiliens et Ricardo Hernandez dont je ne connais pas la nationalite...
6 "bargeots" en 37 ans, c'est peu non ? ;-)

samedi 16 janvier 2010

Un ange est la...

5 jours de velos ininterrompus depuis La Paz m'ayant passablement entame la sante, je deciderai apres deux journees passees a Uyuni de prendre un bus jusqu'a Potosi. Uyuni, decevant, n'etant qu'une sucession d'agences touristiques alternant avec des hotels, elle ne trouvera grace a mes yeux que par son cimetiere de trains... triste realite !On m'avait decrit la route de Potosi comme difficile et Noel approchant, je ne me voyait pas peinant dans les deniveles andins le jour dit.
Pourtant, bien au chaud dans mon bus, je regretterai immediatement ma decision devant la beaute de cette route, finalement pas si difficile : pampa lunaire, canyons profonds, vallees luxuriantes gorgees de fruits et autre legumes... je trepignerai de depit, coince dans ma boite de conserve.
Mais tant pis, ce sera pour autre fois, car je papote maintenant depuis une bonne heure avec ma voisine Angela.
Si la majorite des boliviennes ont, emballees dans leurs jupes et autres jupons, le sex-appeal de la Mere Denis, il existe des exceptions et Angela, petit bout de femme tombe du ciel sur le siege voisin en est une preuve eclatante. Seule avec son petit Patrizio, elle jongle entre couches et biberons avec la grace d'un ange, et accepte volontiers apres une heure que je la "libere" du bambin excite.
Depuis toujours, j'ai la faculte de calmer les enfants et ça ne fera pas exception ; apres 10 mn d'attention, le minot est sage comme image et gazouille en regardant le paysage a travers la vitre embuee du minibus.
"Je te le laisse, si tu veux " me lancera-t-elle a la descente du bus sans que je ne sache jamais si c'etait du lard ou du cochon...
En verite, ce jours-la, j'aurai garde le fils... et la maman sans le moindre soucis ;-)

vendredi 15 janvier 2010

Diaporama bolivien...


Cliquer sur l'image pour afficher le diaporama
Je vous ai laisse au Perou, puis emporte par le voyage bolivien, je vous ai delaisse pour vous retrouver en 2010. Ce sera donc un diaporama de bonne annee depuis le lac Titicaca jusqu'a La Paz en passant par Uyuni, Potosi et ses mines d'argent puis Sucre ou j'ai passe Noel et le Jour de l'An.
Je vous souhaite de vivre ce que j'ai vecu avec ce qui faut de liberte, d'aventure, d'amour, de beaute et plus, mais alors plus du tout de stress lie au boulot ;-)

Le Salar de la peur...


L'entree du Salar a Tahua
Ma courte incursion de la veille ne m'avait donne qu'un bref aperçu de l'ampleur du Salar... Pedalant sereinement le long des rives, il n'y avait pas grand risque mais en franchissant, ce jour-la, les kerns de Tahua, mon coeur battait un peu plus fort. Le chauffeur du 4X4 avait pourtant ete tres clair "tu suis le deuxieme point sur l'horizon et tu le laches pas, c'est l'ile d'Inca Huasi, la maison de l'inca, en Quechua". Une ligne droite de 45 km dans l'immensite blanche...
Allez, j'y vais !!! Je debranche mon cerveau et je file bon train sur la croute de sel... En deux heures, c'est pese !!! J'atteins l'ile d'IncaHuasi et sa foret de cactus. Certains de 12 m de haut ont 1200 ans (100 ans = 1 m). Je profite de cette arrivee matinale pour decouvrir l'ile avant la foule des 4x4 qui bientot va debouler. A 11h, il fait tres chaud et je fais le tour de l'ile pour trouver un peu de fraicheur dans une grotte deserte reperee de l'autre cote de l'ile. J'ai decide de dormir sur le Salar... j'attendrai donc, en faisant la sieste que la temperature baisse avant de pédaler en direction d'Uyuni, la-bas a 100 km de l'autre cote. A 15h, la temperature est supportable et je pedale direction sud-est apres avoir fait le plein d'eau... Apres 3 heures, je decide de camper, un peu inquiet en observant la grosse depression qui se pointe par le nord-est... Je vois la pluie tomber et me demande si ce gros nuage noir va me rattraper. La pluie sur le Salar, ça peut signifier, 15 cm d'eau sur la croute de sel, ramollie et avec 50 cm d'eau en dessous, je n'aimerai pas m'enliser avec un velo de 45 kg. A 19h, un vent tres fort se leve et m'oblige a lever le camp pour trouver, si possible, un endroit plus abrite. J'observe depuis un moment, une tache blanche qui me semble pas si loin et je decide de la rejoindre... c'est un igloo de sel, parfaitement construit et entoure de murets utiles pour me proteger du vent. L'igloo sera ma cuisine et je planterai la tente dans la cour, abritee du vent par les murets. Le vent a encore forcit et je fabrique une protection de sel autour de ma tente pour empecher le vent de s'engouffrer entre la toile interieur et exterieur avant de cuisiner dans ma cuisine imporovisee.
Le vent soufflera fort toute la nuit et m'empechera de dormir. Je prendrai 3 mn de pluie au beau milieu de la nuit et je verrai de gros eclair zebrer le ciel pas si loin de mon campement.
A 8 h du matin, le vent cessera net, comme il est venu, pour laisser place a une chaleur seche et intense qui me cramera les yeux et la peau jusqu'a Uyuni que j'attendrai a 16h. La route de sortie de Colchani a Uyuni sera bien plus penible que les 70 km du salar : 25 km de tole ondulee !!!

Seul en sel...


Petit salar au nord d'Uyuni, qui se trouve pile de l'aute cote du volcan Tunupa
De la petite communaute jusqu'au village de Salinas, ce ne sont que 35 km que je parcourerai dans la fraicheur matinale pour dejeuner d'une riche soupe de quinoa en papotant avec les villageois intrigues par la "bici" (=velo, ici) chargee comme un mulet. Les gens sont aimables et paisibles dans ce village autrefois riche des salines toutes proches. Mais je suis pas d'ici et de ce joli village jusqu'a l'entree du salar d'Uyuni, il me faut rejoindre Jirira pour arriver a Tahua. On me decrit la piste comme facile en suivant le chemin "intersalar" qui lie les differents deserts entre eux (le Salar d'Uyuni n'est pas le seul). La piste, trempee des pluies precedentes n'est pas si facile mais le paysage est splendide et je me regale, observant les mirages, croisant les graciles vigognes ou les rutiques lamas et alpacas... J'observerai egalement, l'etrange viscacha et son corps a mi-chemin entre un lapin et un kangourou (voir diaporama ; on le voit detaler...). Apres les salar, la petite chaine de montagne autour du splendide volcan Tunupa me donnera du fil a retordre : sablonneux dans la montee, elle devient franchement pierreuse au sommet jusqu'a la descente de Jirira. Je choisirai d'entrer sur l'impressionnant et majestueux Salar pour rejoindre Tahua ou je deciderais de passer la nuit dans le tres bel hotel de sel, luxe ultime apres une nuit dans une grange ;-)

Le luxe de voler sur la terre...


Ma famille d'accueil d'un soir : hilares !
Apres 3 jours de visite touristique et de course effrenee pour trouver une carte detaillee de la Bolivie, une lampe frontale (paumee a Cuzco) et un objectif grand angle de camera (raye dans la tempete de sable du desert de Challa au Perou), quitter l'enfer de La Paz fut un reel soulagement... Acheter a prix d'or, le dit objectif, pourtant de qualite moyenne, s'est avere etre une denree rare dans ces contrees "sauvages".
Reequipe, je n'ai pas demande mon reste pour quitter ce "chaudron infernal" pour filer vers le Salar d'Uyuni. Sortie de ville difficile ; les montees sont impossible pour un velo chargee et je decide apres 15 minutes et 2 litres de sueur d'attraper un taxi qui me sortira du trou pour me poser, comme une fleur sur les hauteurs d'El Alto... La sortie d'agglomeration sera perilleuse tant la circulation est dense et anarchique. Les bus et taxis n'hesitent pas a me pousser "tranquillement" pour se frayer un chemin dans le flux : flippant !!!
La route vers Oruro sera une formalite a peine animee par des conditions meteo execrables : vent d'enfer, orage et pluie incessante. Comme d'habitude, et c'est ahurissant, je verrai les nuages me contourner et je passerai, une fois de plus, entre les gouttes.
La meteo et moi, c'est une histoire de fou car en quasi 7 mois de voyage je n'ai pris que 5 ou 6 heures de pluie !! A chaque averse, je me trouvais a l'abri ou a proximite d'un abri... ce qui n'est pas une mince affaire en foret amazonienne. Des dizaines de fois, je verrais de gros nuages me contourner ou des pistes et routes mouillees par des pluies m'ayant precedees.
Si Puno est laide, Oruro est horrible et n'est qu'un vaste bazar bruyant et pollue, sillonne de camions et bus hors d'age crachant huile et fumee dans l'atmosphere deja chargee de poussiere de sable. Je n'y resterai qu'une nuit pour reposer "la machine" avant de tracer vers Challapata et Santiago de Huari (on y fabrique la meilleure biere de Bolive !).
Huari, est la porte d'entree nord du Salar d'Uyuni. La route goudronnee devient piste sablonneuse puis pampa desertique que les pluies de le veille ont transforme marecage. Je roulerais 10 km avant de jeter l'eponge et attraper un camion de demenagement plus a l'aise que moi, avec ses grosses roues, dans ces pistes sablonneuses detrempees.
Ouch !!! je peine a hisser les 45 kg de Passport au dessus de la benne a plus de 4 m du sol, aide par la famille, qui, comme les meubles, voyage dans la benne !!
8 heures de galere, de camion plante, de pelletees pour traverser la pampa gorgee d'eau et rejoindre la communaute de Chipaya et ses plantation de quinoa.
Surprise a l'arrivee, sous les meubles, il y a 9 tonnes de briques et si je veux continuer avec le camion, il va falloir mettre la main a la pate... Deux heures pour vider le camion. La nuit nous cueillera, nous empechant de continuer la piste. Je dormirai, heberge dans la grange de la famille apres avoir fait une demonstration du fonctionnement de ma lampe frontale et de mon rechaud, je finirai, epuise, par manger sous l'oeil amuse de la famille (voir photo).

jeudi 14 janvier 2010

Voler sans decoller sur les routes de Bolivie*

"Pour rouler de Copacabana a La Paz, tu dois d'abord gravir les 5 km de la petite chaine de montagne sur laquelle est adossee la cite" me dira le berger. Dans la realite, ce sont 25 km qu'il te faut avaler, a peine entrecoupes de courtes descentes... un pur bonheur, malgre la difficulte de l'ascension, tant la route est belle et le paysage somptueux (voir diaporama). Il te suffit ensuite de plonger beatement, le sourire aux levres et les cheveux dans le vent vers le village de Calata ou tu chopes facilement, et pour un seul petit boliviano, un des curieux bacs colores et inclines qui te font traverser le bras de lac jusqu'a Ancoamay. Une traversee sans encombre qui te fait apprecier la splendeur du lieu, le cul tranquillement pose sur les flancs vermoulus du rafiot... serenite totale, berce par le clapotis de l'eau, accompagne du "poum-poum" caracteristique du moteur a quatre temps.
A peine assoupi, tu es deja sur l'autre rive ou t'attends ton copieux casse-croute : "pan de trigo, chocolate, banana et gaseosa" (pain de ble, chocolat, banane et soda...) avant d'attaquer la courte mais "rrRRrraide" montee vers les 3999 m.s.n.m (metres au dessus du niveau de la mer) materialises en jaune sur la route, au cas ou, tes poumons , que tu craches et ton leger mal de casque ne seraient pas suffisant pour te le rappeler... Tu files ensuite bon train dans la descente jusqu'aux ultimes replis du lac, puis, tu quittes, un peu deçu, toute cette beaute pour ne rouler que dans l'immensite pele de l'altiplano. La route plate, asphaltee est facile, longeant, avant d'arriver a La Paz, la cordilliere blanche couverte de neige.
Avant La Paz, c'est la guerre... tu dois d'abord eviter la mort, "surfant"sur la vague chaotique de la circulation d'El Alto, la ville qui la surplombe.

Tu mets plus d'une heure a atteindre La Paz, construite au fond de la vallee, 900 m plus bas, devalant la pente, zigzagant dans le traffic trop dense. A 20h, c'est un delire, alimente par la hargne des chauffeurs excedes dans des bagnoles polluees. Ça pue... les autos, culs a culs, se frayent un chemin a grands coup de klaxon dans le flot ininterrompu de bus et camions... Mais, "Ouf!", dans la vieille ville, des montees de damnes regulent le trafic, eliminant, les bagnoles trop pourris et les camions deja bien cuits... je reprends mon souffle.

*Une maxime ecrite sur les bavettes des quelques velos "customises" que je rencontrerai sur la route entre Copacabana et La Paz. Un vrai bonheur que de lire ces petites phrases...

Roule ma boule...


Tel ce bousier bolivien, rencontre sur les chemins de la Isla de Sol, j'ai parfois l'impression de pousser mon "petit merdier" sans connaitre ce qui m'attend devant. Comme lui, obstine et patient, je persiste a vouloir depasser des obstacles dont je ne connais ni le nombre ni l'ampleur... mais tous les jours ne se ressemblent pas et c'est par la jolie route serpentant lassivement le long des courbes gracieuses de la rive sud du Lac Titicaca que je me suis echappe du Perou pour rejoindre la toute proche Bolivie. 160 km, avales dans un souffle, aide par les vents favorables de l'altiplano qui balayent quotidiennement le plateau andin.
Un virage a gauche sur la presqu'ile de Copacabana et deja je traversais la frontiere peruano-bolivienne, accueilli fraichement par des douaniers bornes refusant de m'accorder les deux mois necessaires a une traversee sereine du pays... Tant pis, je repartirai, agace, avec mon "petit mois", que j'augmenterais plus tard en fonction des besoins. Grosse montee apres la frontiere pour rejoindre, dans le noir total le tres touristique village de Copacabana. Il est 21h et je peine a trouver de quoi manger... La saison touristique est enterree et la fraicheur du climat n'incite pas a faire des ronds dans l'eau du Lac Titicaca. Repas rapide sur la plage, fouette par un vent frais et violent je m'enfile promptement une truite trop grillee pour chercher un hotel dans ce village balneaire... L'hotel, a l'architecture curieuse, est baigne dans un oasis de verdure... L'accueil est glacial mais les douches sont chaudes et je ne tarde pas, apres 160 km de route, a sombrer dans un sommeil profond apres avoir reserve, des le lendemain, "un tour" sur la fameuse Isla Del Sol.
Reveil a l'aube pour profiter du jour, qui devait etre beau, mais se revele horrible et froid. Je vais visiter la Isla Del Sol sous une pluie persistante et froide a l'arriere d'un bateau hors d'age, barre, sans visibilite avant et du bout du pied (voir diaporama) par un marin miniature, perdu dans une cape trop grande pour lui ; bienvenu en Bolivie !!!!
Bien que tres belle, ma visite du jour sera quelque peu perturbee par la meteo execrable et les demandes incessantes des autochtones pour payer les droits absurdes de poser le pied sur telle ou telle plage. Les sommes sont symboliques mais trop c'est trop et apres une visite solitaire du site (le guide est chiant et lent) je me fais rappeler a l'ordre par un vieillard bougons pour etre sorti du sentier balise "pour les touristes". Je suis pourtant bien sur un sentier mais celui ci est reserves aux "insulaires" ce qui aura le don prodigieux de m'agacer pour la journee. Je remonterais sur le bateau et n'en descendrais plus...