dimanche 23 août 2009

Etape 23 : Castanhal > Belem : 78 km


Fabrique de tapioca : interessant !
Castanhal est une ville commerçante comme il en existe mille au Bresil ; un axe principal puis un accroissement geometrique au fur et a mesure de l'arrivee massive des gens de la campagne. Ça s'est passe en Europe il ya quelques temps puis on a observe un retour a la campagne qu'on commence a peine a sentir ici. Bref, une ville moyenne avec un plan en damier... le commerce est partout et deborde jusque sur la rue ou carrioles et chariots s'organisent dans un savant chaos. Circuler ici est complique mais je retrouve sans peine la petite pousada dans le quartier "craignos" ou j'avais passe la nuit l'an dernier. Nuit calme et reposante...
5 heures, 78 km, la route est belle mais les arrets sont nombreux. Je file a 30 a l'heure sur un revetement parfait. Primeurs, maraichers, fromagers : en abeille voyageuse, je me gave de sucres - jus frais, fruits, yaourts "maisons" je goute tout... Je fais une longue halte dans une fabrique artisanale de farine de tapioca. On m'accueille d'abord fraichement malgre l'ambiance surchauffee ; le patron est bougon... les employes baucoup moins et apres 10 minutes d'observation silencieuse, je peux photographier et filmer les etapes de la fabrication.
L'arrivee a Belem est toujours compliquee, ville gigantesque ou le velo n'a pas sa place ; on me frole, on me pousse puis j'arrive enfin dans la vieille ville ou je retrouve mon hotel de l'an dernier. La vieille ville me semble etrangement calme, l'an dernier la fete religieuse du Cirio emplissait les rues d'une foule grouillante et coloree... cette annee les rues sont vides et me semblent sures...

Etape 22 : Capanema > Catanhal : 90 km


Livraison de bananes le long de la route...
Je connais cette route, je connais ces villes et je roule sur mes pas l'esprit leger, le mollet tendu a l'affut du moindre trou, de la carcasse de pneu ou du chauffard qui me frolerait de trop pres... Pas de soucis particulier - je "trace" sans etats d'ame...

Pause > Capanema


Meme image, un an plus tard...
L'an dernier, j'avais fait reparer mon velo ici... les rayons de la roue arriere s'etaient arraches de la jante et la boutique de Targino avait fait un travail remarquable pour adapter une jante a 26 trous sur un moyeu a 24 rayons. Depuis, ce sont des amis et j'ai eu beaucoup de plaisir a les revoir... Ils m'avaient donne un tee-shirt et voulait une photo de moi sous la Tour Eiffel avec le dit tee-shirt, ce que j'ai pas manque de faire... a leur grand etonnement ;-) Je me gave de sorvets et de jus de fruits dans cette capitale de la glace - trois entreprises sont installees ici : Kit-frutas, Friobom et Kibom... excellents !

Etape 21 : Boa Vista > Capanema : 130 km


Jolie cycliste au matin...
Reveil matinal au son des rires sonores des femmes de menage qui parlent de leurs histoires d'amour ratees. J'ouvre ma porte a 8 h... sur une jolie fille tres court-vetue (elle porte une mini-serviette de bain) qui m'envoit un sourire "colgate"... Je sors mon biclou, elle me demande ce que je fais ici... Cocasse, elle est quasi nue et me demande si elle peut s'asseoir la sur mon pas de porte pour discuter - c'est plus du de la drague, c'est du "harponnage" - elle est drole, me fait sourire... On parle d'amour perdu (le sien) de tristesse, de musique puis apres une heure me demande en mariage, sur le ton de la plaisanterie (appreciez la progression ;-) Elle me dit avoir 19 ans, je lui en donne 16 puis je m'envole sur un chaste baise-main... J'ai 130 bornes a faire et je veux pas trainer en route. Je connais cette route, sans interet, sans histoire je creve au meme endroit que l'an dernier, pour les memes raisons que l'an dernier... l'acotement est souille de carcasses de pneus et de fils d'acier qui percent facilement le caoutchouc de mes pneus... fatigant !

Etape 20 : Santa Luzia do Parua > Boa Vista DO Gurupi : 74 km


Santa Luzia - au loin des gamins prennent le frais sur les citernes de la ville...
Couche tard, leve tard... j'ai quitte Santa Luzia a 13h pour arriver a 18h a la division des etats du Maranhao et du Para. 109 km avale sans trop de peine sur ces gands axes redevenus tres plats. Il fait chaud, le temps s'est arrete... je n'ai croise que des vieillards, cyclistes lents, secs comme le bois qu'ils transportaient, aux articulations rouillees comme le cadre de leur velo. Accueil tres chaleureux a Boa Vista, ou les effluves de viandes grillees reveillent en moi un instinct carnassier pourtant bien enfoui... Au loin, les flonflons d'une fete, trop naze pour y aller. Je sirote ma biere gelee, tranquille....

Etape 19 : Ze Doca > Santa Luzia do Parua : 74 km


"Indiens" vaut mieux que deux "tu l'auras"
J'ai quitte, repose, ma retraite "glacee" de Ze Doca avec l'espoir de rejoindre Gouvernador Nunes Freire, a 137 km, dans la journee. La route n'etant pas parfaitement plate, j'ai sue comme un buffle jusqu'a 16 h pour finalement m'arreter, avec 50 km a parcourir... Sans certitude sur une arrivee probable avant la nuit et devant les affirmations alarmistes sur de possibles attaques de bandits sur la route "t'as 80% de chance de te faire attaquer" je decidai de m'arreter la et de camper derriere la station "en toute securite" selon le patron. Le probleme du couchage etant regle, je pretais attention a une famille d'indiens "pur jus" qui observaient mon velo, mi-inquiets, mi-amuses... Je m'adresse au plus vieux, qui visiblement n'en capte pas une et regarde son comparse a chemise jaune qui ne tarde pas a arriver pour traduire dans leur langue "native", parfaitement incomprehensible pour moi, le recit de mon voyage. Ça rigole pas mal en observant mon bronzage "cycliste" et la taille de mes jambes (j'etais deja bien pourvu en mollets a a naissance, la c'est le pompon !!!). Le compteur de vitesse leur semble etre une petite televison - voyager en velo leur semble "fou"... Je fais quelques photos, avec leur accord, que tout le monde apprecie sur l'ecran de l'appareil puis ils s'en vont comme ils sont arrives... Je monte ma tente, comme je peux sur le beton surchauffe de la station puis un jeune mec arrive tout sourire "t'es hollandais, toi ?" "perdu je suis français" Longue conversation avec ce jeune "vagabundo" de 28 ans, d'une intelligence et d'une subtilite remarquable dans ces contrees. Il vit dans la station , profitant d'une eau gratuite, de quelques repas offerts et de mauvais alcools offerts par les nombreux routiers de passage... Ils se "dechire la tete" comme ça depuis 3 ans. Sa sensibilite et sa finesse d'esprit extreme le mettent a part ici ou les mecs sont des "boeufs" (c'est eux qui le disent) et les filles des poupees sans tete a la plastique parfaite... De jolies connes dont l'ambition premiere est de devenir "balerina de forro" (veridique), danseuses dans un groupe de forro - pour voyager disent-elles, pensant le forro universel. Mais la nuit tombe sur mes remarques desobligeantes et je m'aperçois un peu tard qu'une tente posee a meme le sol cimente est une etuve parfaite pour qui souhaite "fondre" pendant la nuit... Impossible de dormir ici - je me mets en quete d'un lieu "frais" pour dormir... Je trouve a 50 m un "dormitorio" tenu par une de ces "jolies cruches" a la tete pleine d'eau, dont je vantais les charmes il y a peu... Discussion legere jusqu'a 3 heures du mat en suçant... des glaces, devisant interieurement sur la vacuite de nos propos - affligeant. Je m'endormais bientot la tete vide et les yeux pleins des courbes sensuelles de la potiche de service - reposant, non ? ;-)

Pause > Ze Doca


Moto-taxi : 3 voir 4 sur une moto, c'est la norme ici - pas rare de voir un gamin sur le reservoir
.
J'ai passe deux jours dans cette ville calme, tres caAAaalme pour retrouver la force et le plaisir de rouler sur ces routes de "l'interieur". Deux jours a rien faire dans une grande pousada parfaitement tenue. Je me suis gave de sorvets aux fruits - la glaciere etait jolie (une "marron" aux yeux noisettes tres clairs) et j'ai bien du passer 3 heures avec elle a parler de tout et de rien (les clients se bousculent pas). J'ai rencontre le frere d'un joueur de foot bresilien celebre (j'en sais rien) qui jouerait a Sochaux ; il me montre des photos de la ville - etonnant... J'ai sympathise avec le patron de la jolie glaciere qui me la "vends" comme il me vendrait une glace - j"ai pas franchement besoin de lui... de boules en coupes je me retrouve a l'anniversaire du patron - deja bien imbibe, bieres, cachaça, je freine des 4 fers pour pas me retrouver saoul dans cette soiree ou le son est si fort qu'il est impossible de parler avec qui que ce soit... Je m'eclipse pretextant un depart a l'aube le lendemain.

mercredi 5 août 2009

Etape 18 : Santa Ines > Ze Doca : 67 km


Un "posto de fiscalizaçao" - j'en vois souvent et ça fait des files de camions, bloque en attente de payer des taxes, auxquels personne ne comprend rien...
Depuis mon entree dans le Maranhao, je commençai a desesperer de retrouver des villes "normales" ou un tiers des mecs ne seraient pas alcoolises et ou moitie des filles ne tapineraient pas dans la rue, l'autre moitie se cachant pour pas qu'on les confondent avec la premiere moitie... Depuis ce matin, et ça fait du bien, j'ai retrouve des villages tranquilles ou je peux a nouveau converser avec tout le monde sans qu'on me prenne pour un "gringo" pervers. Pas la grosse frite aujourd'hui, j'ai roule un petit 67 km et je commence a sentir une fatigue de fond sans doute bien normale apres 1700 km de route... J'ai vu un panneau "Belem - 510 km", je me suis surpris a penser "plus que 5 jours" avant d'arriver... et de ne rien faire - pendant au moins une semaine, sur l'ile de Marajo. Loin des camions, du forro et de tous ces bruits constants ici... Je suis a Ze Doca, maranhao et je pense y rester deux jours pour me reposer un peu... Tchao

mardi 4 août 2009

Etape 17 : Bacabal > Santa Ines : 100 km


Crevaison... j'ai trouve la parade - je fais reparer par des gamins - ça amuse tout le monde et moi ça me repose...
Emballe, c'est pese !! 4 heures : 100 km. Aujourd'hui, j'ai "mange" cette grande route toute droite parfaitement plate. J'ai retrouve dans la nuit, la force evanouie la veille. A 11h, hier soir, je mangeais une pizza en buvant une biere - debout a 8 heures - je constatais que mon peu arriere etait creve (troisieme fois - j'ai plus de chambre a air) Meme cause, meme effet, de fins fils de metal issus des carcasses de pneu de camion - entrent dans le pneu et perforent doucement mais surement les chambres a air. Arret chez le "borracheiro"(reparateur de pneu) qui me dit ne rien avoir pour reparer les velos. Rendez-vous compte, ici il n'existe pas de rustines, pas de chambres a air et les mecs ont hallucine 10 mn sur le "peneou Micheline" - le pneu Michelin de velo - mou de surcroit (c'est un pneu tres tres souple). Selon eux, Michelin fabrique des pneus de camion, un point c'est tout. Je sors mon p'tit bazar - rustines, pompes et demonte-pneu - pour reparer mes chambres a air et - admiration - "on peut reparer un pneu de velo avec ça ? "Bah oui, coco et en France, ça coute que dalle une boite de rustines comme ça" Un mec arrive en moto et ajoute, "une fois, j'ai achete une boite comme ça dans le sud du Bresil - 1 real , les 5 rustines" etonnement... J'ai donc pris la route trop tard (comme d'hab') et je me suis dit que j'allais devoir tracer pour faire les 100 bornes dans le peu de temps qu'il me restait... 65 bornes en 2 heures et demi, jusqu'a Pio XII ou je dejeune rapidement dans un "restaurant-menagerie" ou poules, chats et chiens cohabitent joyeusement - c'est crade mais c'est bon... La patronne me parle d'un français qui vit la et possede un "hotel de gringos" dans le centre-ville. Je decide de lui rendre visite... en guise de français je trouve un drole de type, d'origine hollandaise et de nationalite americaine... il me dit etre "fugitif" et ne plus pouvoir rentrer aux Etats-Unis ou en Europe car il a ecrit un livre tres contestes sur la guerre bacteriologique - il est biologiste - diplome du prestigieux Massachussets Institute of Technology... Il pretend vouloir construire un pont entre le Bresil et l'Afrique, pour dit-il "sauver la foret". Son hotel est surmonte d'une curieuse tour de 15 m de haut... il me demande si je connais un editeur pour publier un livre, ecrit en 15 ans, ou il parle de decroissance de la population, de cannibalisme (pour reduire la population ????) de rechauffement climatique - qu'il pretend etudier depuis 1969... bref un drole de gus passionnant et pas si fou que ça, malgre les apparences... Je degusterai les 35 derniers kilometres en 1h30 pour arriver a Santa Ines... Pauvre sainte, le Maranhao serait-il un gigantesque bordel ambulant ? Ça tapine jusque dans les couloirs du "meilleur hotel" de la ville... triste realite - misere ordinaire, ou des prostitues de 15 a 60 balais trainent les rues de la ville comme des ames en peine dans le vacarme assoudissant du forro... En attendant, moi je vais me coucher - cette pauvrete m'agresse, me fatigue et me desole :-(

Etape 16 : Peritoro > Bacabal : 65 km


James, "o caçador de monstro" - pathibulaire mais presque... en fait un clown, que je voudrais pas croiser un soir de pleine lune...
A force d'en parler et de le redouter ça devait arriver... Je me suis leve malade a 7h30 avec le sentiment d'avoir 100 ans tant j'etais faible - a 8h00, j'etais "carpette" incapable de bouger, le ventre en vrac - a 9h00, je dormais, assome par la fievre, d'un sommeil de plomb - a 10h00, je trouvais la force de me lever, de preparer mon biclou et je partais a 11h00 sous un soleil de plomb - sans force aucune... Par chance, la route fut plate, ne me demandez pas comment etait le paysage - j'etais si concentre sur mon objectif que je n'ai rien vu... Je me suis arrete une premiere fois dans un poste pour prendre une douche tant mon corps semblait bouillir... bu deux jus de goiave trop sucre, un coca puis tel un robot j'ai enfourche mon velo jusqu'au poste suivant... A peine arrive, "Oiiiii, sou James o caçador de monstros" un mec pathibulaire (mais presque) me tombe dessus et se presente, reculant d'un pas et haussant son sourcil droit, sous le titre pompeux de "James, le chasseur de monstres" La formule est drole, je suis naze mais j'eclate de rire et lui serre une franche poignee de mains - avec l'index pointe vers lui - pour dit-il concentrer les bonnes ondes. Il est "indigene" et voyage a pieds. Il me dit venir du Ceara, 1000 km a l'ouest et pretend avoir parcouru 230 km en trois jours et 3 nuits car, dit-il, "mes jambes sont celles du cheval" geste a l'appui, il me demande de toucher le sol de deux doigts, puis son mollet gauche pour eprouver la durete du muscle egale a celle du bitume... Il pretend chasser les vampires de la nuit (deja 19 abattus - pas mal, hein !!!) et s'abreuve a intervalles reguliers d'une potion laiteuse "natural", ajoute-t-il, fortement concentre en alcool (vu l'odeur ;-). Il me montre ses "blessures de guerre"... Ici sur le front, un jaguar l'a attaque mais il a su le faire fuir - la, sur son bras gauche des traces de morsure - de serpents venineux - mais je suis "immunise", dit-il - sur son bras droit, un vampire l'a frappe mais il l'a tue, une nuit sans lune...et d'ajouter dans un français presque parfait - "je suis polyglotte MoOOonsieur..." Il me prodigue quelques conseils de vie en foret bien reels et je lui file un tee-shirt - le sien a deja bien vecu (avec tous ses vampires ;-) et deux reais - car assure-t-il, "je n'ai pas mange depuis 3 jours". J'en profiterais pour m'eclipser et rejoindre Bacabal... Vous le croierez ou non, il m'avait redonne la force de parcourir les 10 derniers kilometres...

lundi 3 août 2009

Etape 15 : Caxias > Peritoro : 135 km


De jolies forets qui peinent a cacher la misere ambiante...
J'ai roule toute la journee dans une jolie foret, plantee de nombreuses especes ; du cajueiro, aux fruits et noix (cajou) si delicieux, jusqu'au buriti ; grands palmiers dont on utilise les fruits pour faire des pates de fruit et les palmes pour tresser paniers et bijoux delicats... Je n'ai croise sur 135 km que de jolies mais modestes maisons a armature de bois recouvertes de terre. Je pensais l'an dernier que c'etait exceptionnel mais ici c'est la norme - quel pauvrete !!!. De temps a autres, quelques beaux lagons ou s'agitent bruyamment quelques jeunes indiens font oublier la misere ambiante. De mon cote, j'ai galere toute la journee tant la route etait difficile. Les douces ondulations de la veille sont devenues des plis marques, heureusement entrecoupes de longues descentes. Les bas-cotes, sur lesquelles je roule sont dans un etat lamentable et je dois slalomer entre les trous et autres carcasses de pneu de camion, nombreuses et traitres car elles recelent de fines tresses de metal qui crevent les pneus de mon frele velo. Je me suis use sur la route, suant sang et eau pour arriver avant la nuit a l'etape. J'ai bu comme jamais, suant des litres de sueur au point de tremper totalement short et casquette... des gouttes de sueur perlaient aux coudes et me piquaient les yeux. Plusieurs rencontres en journee dans les postes a essence, qui sont pour moi les oasis ou je fais les pleins de liquides et autres sucreries... Je fais des rencontres : un jeune "con", qui me presente deux jolies filles comme on presenterait deux beaux chevaux "elles sont pas belles les filles du Maranhao ???". Plus tard, ce seront 3 chauffeurs routiers qui m'invitent a leur table pour partager bieres (ça picole ici !) et repas... et me parlent encore et toujours des filles du Maranhao, reputee dans tout le Bresil pour leur joliesse (je confirme) et leur hardiesse... Ils me parlent de ma prochaine etape comme le paradis des routiers (?!)... J'arrive a Peritoro, epuise, sans jus pour decouvrir une ville coupee en deux par un pont. "Ils" parlaient de paradis et je vois l'enfer, d'un cote, le spectacle affligeant de bars a prostituees. Sur la surface d'un terrain de foot, ce ne sont que tables occupes par des chauffeurs bourres qui dansent maladroitement avec des putains delures... ça sent la biere, la cachaça et les gaz d'echappements eclaires par la lueur balafarde et poussiereuse des phares des camions qui traversent la place. Symptome de l'extreme pauvrete, ça tapine a tout va... De l'autre cote, c'est une ville proprette avec sa gare routiere, ses hotels et commerces flambant neufs. Je choisis ce cote pour dormir quelques heures - je suis epuise, patraque et ce soir je ferai pas de vieux os...

samedi 1 août 2009

Etape 14 : Terezina > Caxias : 80 km


Rio Parnaiba a Terezina - frontiere entre Piaui et Maranhao
J'ai quitte Terezina assez tot pour filer vers Timon et changer d'etat "de l'etat solide, a l'etat gazeux" disais-je hier tant il fait chaud... Je suis donc maintenant gazeux dans le Maranhao, vaste etat du Bresil que je vais traverser jusqu'au nord pour rejoindre Sao-Luis puis Belem, dans l'etat du Para. La route, parfaitement rectiligne, ondule doucement - et je file, repose a 25 km/h. Les camions sont nombreux et je m'interroge sur les risques insenses que prennent certains chauffeurs en doublant, sans visibilite, dans le creux des ondulations. Petit apparte, je me suis arrete ce matin vers 9h30, boire un jus frais dans un poste a essence - le chauffeur a ma gauche prenait un cafe et on a papote un bon moment - car il connait la route transamazonienne... Le chauffeur a ma droite, taciturne buvait une cachaça (alcool de canne a sucre a 45%) bien tassee. 10 kilometres plus loin, triste scene : collision frontale entre deux camions, l'un doublait sans visibilite et s'est pris l'autre en pleine face... ça vient d'arriver, il y a du monde et la cabine de l'un des camions est a 30 m de l'impact - l'un transporte du gaz en bouteille - je passe tres vite sans me retourner... La scene m'a coupe l'appetit mais je me force, quelques kilometres plus loin, a avaler quelques calories. Je suis en forme et les 80 km me paraitront bien courts aujourd'hui jusqu'a Caxias et sa "lan-house", point d'acces internet, extremement moderne ou j'ai pu enfin charger les photos (YeEEeesss). Demain s'annonce "chaud", on me parle de 150 km sans ville ou village...aAAaarghhh !!! ce que je vais verifier de ce pas ;-)

Pause > Terezina

J'ai dormi 13 heures pour me reveiller a 10 heures, un peu groggy mais pret pour une visite de la ville selon les informations donnees par mon nouvel ami. Ses indications sont precises et le tour est vite fait... Je peine pourtant a trouver du charme a cette ville moche et extremement chaude. Je tente de sauvegarder mes photos sur DVD mais le mec manque d'effacer mes 300 photos d'un clic malencontreux - pas glop !!! J'avale de mauvais "pastels", ces pates de fromages, qui ailleurs peuvent etre bons et me noie de boissons pour tuer cette chaleur intense. Decidemment, j'aime pas les villes ;-) Je retrouve le soir meme Ivan, avec qui je discute deux heures de la France, du cinema, du commerce, de la religion - on a refait le monde a notre façon avant que je ne m'eclipse vers ma pension - un mec bien...

Un Bob apres 13 heures de sommeil - ça donne ça, un peu surpris par la telecommande de l'appareil-photo qui reagit vite. Etonne aussi de voir que j'ai maigri - ici les miroirs sont rares et souvent petits ;-)

Etape 13 : Passagem Franca Do Piaui > Teresina - 121 km


Beatriz, poupee de 5 ans montee sur ressort qui me sort la panoplie complete de la gamine enervee
Je suis parti de Passagem tres fache car le petit dejeuner promis la veille avait disparu et le patron avait trouve bon d'entrer dans ma chambre avec 10 mecs - qui allaient occuper la chambre le soir meme - des 7 h du matin, en me demandant, pas gene pour deux sous de partir maintenant. Je l'ai envoye peter proprement avant de me barricader a double tour pour dormir quelques heures de plus... d'autant que la chambre tres proche de la route, m'a semble etre un couloir etroit emprunte par des camions sans echappement toute la nuit... Bref, a mon lever, tout le monde est fache, y compris les petites minettes qui la veille m'avaient si gentiement accueillies avec la petite Beatriz (voir photo). Tant pis pour eux et pour moi, je file le ventre creux sans couper a une seance photo au poste d'essence, ou je fais le plein... d'eau. Les serveuses du resto tout proche veulent des photos et a tour de role je fais la pose pour des portables-photos... Je roule au mental jusqu'a Teresina ; une route sans interet, doucement vallonee que la fatigue m'a sans doute empeche d'apprecier. C'est une ville moche comme 90 % des villes du Nordeste... Les commerces d'eletroniques succedent aux commerces automobiles et gachent le petit centre historique a peine egaye par quelques placettes ombragees. Je roule donc sans but dans cette grande ville et je m'arrete au pif sur la grande terrasse d'une pizzeria... Un p'tit mec m'attrape immediatement et se presente comme "je suis Ivan, le patron...". On devient pote immediatement - il m'offre bieres et pizzas, m'indique ce que je dois voir dans cette ville et me conduit dans une pension ou je decide de rester deux nuits pour me reposer... sympa.

Etape 12 : Elesbao Veloso > Passagem Franca do Piaui


Vu sur la route : si le fondateur de la ville n'est pas français au moins etait-il francophile...
Petite etape de 55 km a peine aujourd'hui - Apres mon accueil triomphal de la veille, j'ai roule sans joie sur cette route monotone. Petis soucis mecanique, je dois reserrer les rayons de la roue arriere qui se dandine maintenant sous le poids des sacoches (30 kg). C'est la seconde fois depuis le debut du voyage et j'observe egalement le pneu arriere qui s'use a vitesse grand V sous l'effet de la charge, de l'asphalte brulant et des kilometres... Je fais une pause avant Passagem Franca dans un resto sympa, ombrage, un peu a l'ecart de la route, pour me restaurer et je mange le meilleur PF (Prato Feite), c'est a dire "plat tout pret" que j'ai jamais mange au Bresil - tout est bon et j'en felicite Lou, la sympathique cuisiniere indienne (a droite sur la photo) qui me retorque du tac au tac "alors, je suis bonne a marier ?" dans un large sourire... Je passe deux bonnes heures a deconner avec elles et ses copines en reparant mon biclou - quelle decontraction ! J'adore et ça me remonte le moral - un peu use par la route. Mais il est maintenant tard et je dois m'arreter a Passagem Franca ou je profite du temps qu'il me reste avant la nuit pour faire une petite lessive, pas interessante mais "oh combien" importante ;-)