lundi 15 février 2010

De Sucre à Santa Cruz...


Après ma douce trêve, les premiers kilomètres pour rejoindre Santa Cruz seront difficiles. J'ai de grosses douleurs articulaires que je m'efforce d'oublier en moulinant dans les montées. Arrêté 10 jours, mon corps à perdu l'habitude de pédaler et mes muscles peinent à retrouver le goût de l'effort. Parti, la fleur aux dents, la réalité de la route me rappellent cruellement ce que j'avais entrevu sur la carte, le relief est bien marqué et je n'en ai pas fini avec Les Andes. Je vais en baver... Les 90 premiers kilomètres sont pourtant descendants et je m'amuse à 60 à l'heure à doubler camions et bus dans les esses de la descentes. Les 50 km suivants sont franchement montants et j'arriverai à Aiquilé, capitale mondiale du *Charango (c'est écrit en gros à l'entrée de la ville), tard dans la soirée. Je "testerai" de nuit, la double crevaison (merci les cactus) nocturne, dans la boue, sous la pluie dans une montée... Heureusement, au village, l'accueil est chaleureux, mon moral remonte en flèche - je suis de nouveau "gonflé à bloc"... Je repartirai le lendemain sous un soleil radieux, oubliant mes déboires de la veille. Le paysage est extraordinaire bien que la piste, technique et cassante, ne cesse de monter et descendre. Je paumerai, ce jour, les deux gourdes pourtant bien accrochées à l'avant de Passport. Je longerais des rivières, traverserais des canyons pour arriver à la nuit tombée dans le village de Pérez... rien à manger, rien pour dormir, je déprime 5 minutes avant que José, parfait inconnu, ne m'invite chez lui. Il me dit avoir accueilli par le passé d'autres cyclistes dont une japonaise "toute seule" et qu'il me laisse une chambre... Ce qu'il fera dans un total dévouement...( je l'aurai embrassé - épuisé - je me voyais mal planter la tente entre cactus et rochers, le long de la rivière). Je passerai une excellente nuit après, luxe inouï, une douche froide...
Au matin, mes douleurs articulaires auront mystérieusement disparues et me permettront de partir tôt. Je tracerais toute la journée dans la vallée du Mizque, pressé d'arriver à Pulquina. A 16h, après 2 jours et 300 km de pistes pierreuses, je retrouverai le bitume... mais m'épuiserait dans l'inattendue montée d'El Quine... 12 km !!!
Cuit mais motivé, je continuerais jusqu'à Los Negros ou je trouverais enfin un endroit décent pour dormir. Les journées sont parfois longues et, fatigué, je n'ai plus le courage de camper... Je préfèrerais dorénavant un mauvais hébergement barato** qu'une nuit sous tente, gratuite mais peu reposante.
Le lendemain, les 60 "petits" kilomètres de Los Negros à Samaipata seront "gâchés" par une effroyable montée pierreuse de 15 kilomètres, gravit sous une chaleur accablante dans la poussière des camions. Arrivé à 15 h, "décalqué", je ne serais pas long à décider de rester dans ce très joli village avec l'espoir de visiter le fort préinca sur la colline voisine... je peinerais pourtant à trouver logis dans ce village fort touristique.
Levé à l'aube, je filerais vers les ruines du fort préinca*** de Samaipata, perché tout là-haut, sur la colline abrupte. On m'avait décrit le chemin comme "facile", mais je suerai sang et eau pour accéder à ce site exceptionnel. Il a plut, la piste est à flanc de montagne et alterne rochers glissants et terre détrempée...
Ces pérégrinations culturelles et sportives me retarderont passablement et, à 11h du matin, il me restera plus de 110 km pour rejoindre Santa Cruz... que j'atteindrais, un brin "entamé", en extrême fin de journée...
*charango : petite guitare très présente dans la musique populaire andine
**barato : peu cher

***Les ruines de Samaipata sont le plus grand vestige pré-inca d'amérique latine et regroupe en un même lieu, un site religieux, des habitations au milieu d'une végétation luxuriante.

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